Il y a des petites phrases qui ne passent pas. "Il y a deux ans, le nouveau rédacteur en chef nous a annoncé : 'Radio cassoulet, c'est fini'. Lundi, Didier Maïsto, (PDG de Fiducial Medias, NDLR) nous a dit 'Labège, c'est fini'. On a bossé pendant deux ans comme des cinglés et ils nous traitent avec mépris", s'étrangle un membre du personnel qui a requis l'anonymat.

Depuis l'annonce de la direction de Sud Radio à ses employés toulousains de son intention de transférer la station à Paris, salariés accusent le coup. Un à un, les 35 salariés (25 CDI et 10 CDD) sont reçus par un spécialiste des ressources humaines, recruté spécialement pour l'occasion. "Ça ressemble à un entretien d'embauche. On nous demande nos motivations, si nous voulons aller à Paris, mais on ne nous détaille rien du projet ou des postes proposés, s'étonne un autre salarié. Pour moi, c'est sûr, ils ne reprendront pas tout le monde. C'est un plan social déguisé, même si Didier Maïsto a dit que ce n'était pas la voie choisie par Fiducial." Pour les 13 pigistes (des collaborateurs à la journée) de la rédaction, le flou semble encore plus de rigueur, puisqu'ils ne seront pas reçus par le RH.

"L'écroulement de l'audience"

Sans date précise de déménagement, ni précision sur les moyens à disposition dans les locaux de la radio loués à Paris, les salariés restent dans l'incertitude. "Tout se fait parallèlement à nous. La matinale va déménager à Paris, mais que devient le reste ? Il n'y a aucune grille de programmes pour cet été ou pour la rentrée", s'inquiète une salariée.

"Épuisés" par les cadences demandées, les employés se disent "écœurés":

"L'audience est catastrophique. Nous sommes sous les 1 %. La direction peut toujours dire que nous sommes la 5e radio généraliste derrière RMC, il y a une montagne entre eux et nous. Les membres de notre direction se surestiment et ne connaissent rien à la radio", se désole un salarié.

"Les gens du sud ne nous écoutent plus et personne ne nous connaît à Paris, renchérit une autre. On se demande vraiment à quoi on a servi pendant deux ans."

En l'absence d'information, chacun spécule sur les objectifs de la direction. "Pour être au taquet sur la présidentielle, ils veulent être au plus près des politiques en allant à Paris. Mais que va devenir le sport ? On nous dit que sa place sera moins importante, mais à quelle échelle ?", s'interroge un salarié.

Une page se tourne

Contacté par La Tribune Toulouse, Didier Maïsto, le PDG de la radio, "ne souhaite pas communiquer sur le sujet et préfère avancer tranquillement avec [ses] équipes".

Créée dans les années 50, la radio des Vallées d'Andorre était devenue Sud Radio en 1966. Installée à Toulouse depuis 1981 et propriété du groupe Pierre Fabre à partir de 1987, la radio a été vendue au groupe Start en 2005. Lors de son rachat en 2013 par Fiducial Médias pour 7 millions d'euros, la station émettait en Île-de-France depuis deux ans. Si la radio entretenait une petite équipe et un studio dans la capitale, elle réalisait le plupart de ses programmes à Toulouse. Une page se tourne.