Les drones toulousains de Sky-Shoot filment pour le cinéma

Cofondée à Toulouse en 2011 par Damien Vicart, la société Sky-Shoot est l'une des spécialistes française de la prise de vue par drone. Émissions de télé, publicité et maintenant cinéma, Sky-Shoot a réalisé un chiffre d'affaires de 480 000 euros en 2015, malgré une concurrence rude dans ce secteur naissant.
Un drone de Sky-Shoot

Pilote d'hélicoptère et passionné d'aéromodélisme, Damien Vicart est un pionnier du drone de prise de vue. L'histoire commence en 2010, quand le photographe toulousain Dominique Viet lui demande de fixer un appareil photo sous l'un de ses hélicoptères miniatures. Bien moins cher qu'un hélicoptère, cet "ancêtre de drone" donne l'idée aux deux compères de fonder Sky-Shoot en 2011, une société spécialisée dans la prise de vue par drone. L'année suivante, le photographe laisse les rênes au pilote pour se consacrer à son domaine.

Premier en France à utiliser des drones pour les prises de vue, Sky-Shoot trouve tout de suite un marché auprès des émissions de télévision, des publicités et des films d'entreprises. Ses drones filment Stéphane Bern et son émission Secrets d'histoire à Versailles ou sur le lac de Côme, survolent un camp viking pour Thalassa et poursuivent des bolides d'Audi et Nissan.

Reconnu dans le secteur pour son professionnalisme, Sky-Shoot fait partie du top 3 avec Flying Eye (Antibes) et Pixiel (Nantes) selon Patrick Becker, le directeur des productions de la Société Européenne de Production (Secrets d'histoire, etc.).

"Nous avons travaillé avec eux car ils étaient dans les premiers en 2010. Leur travail est de qualité. Ils sont très ordonnés, réactifs et avec un brin de folie, s'enthousiasme ce dernier. Damien est vraiment en osmose avec sa machine et son cameraman. Sur les tournages, il est force de proposition. Il a été l'un des premiers à faire des images en intérieur. Il sait faire rêver les téléspectateurs avec des plans extraordinaires."

Sky-shoot

                          => Un tournage en intérieur. © DR.

Une concurrence rude

Entre 1 500 et 2 000 euros la prestation, l'entreprise réalise 200 000 euros de chiffre d'affaires dès son lancement et 480 000 euros en 2015. De bons résultats tempérés par Damien Vicart : "Tout le monde pense que c'est très rentable mais je n'ai fait que 20 000 euros de résultat net l'an dernier."

Les coûts sont en effet élevés. Sa flotte de sept drones est renouvelée chaque année car "les clients veulent toujours la nouveauté". Outre le matériel technique, comme les 60 kg de batteries qu'il faut changer tous les six mois, la société possède ses propres appareils de prise de vue. Son dernier achat : une caméra Red Carbon 6K à 50 000 dollars. Le prix de la qualité.

Outre les coûts inhérents à son activité, Sky-Shoot doit également faire face à une concurrence de plus en plus nombreuse. "Il y avait deux entreprises en 2011, nous sommes 2 000 aujourd'hui, estime Damien Vicart. À l'époque, il fallait savoir piloter pour utiliser un drone. Maintenant, avec le GPS, un enfant de cinq ans peut en faire voler." Pour autant, selon le télé-pilote, seulement cinq ou six entreprises sont reconnues et 80 % de ses concurrents "travaillent en fin de semaine" et "du jour au lendemain" sans la préparation que nécessite ses propres missions réalisées pour de grosses productions.

La différence se joue aussi sur la qualité de prestation. "Les drones actuels permettent de faire de bonnes photographies mais, pour filmer, c'est autre chose. Le pilote et le vidéaste doivent bien se connaître. Nous nous sommes formés sur le tas, mais maintenant on nous demande parfois si nous utilisons une grue ou un steadycam (système de stabilisation, NDLR)." Attaché à sa réputation, Damien Vicart affirme d'ailleurs avoir supprimé sa deuxième équipe pour pouvoir mieux contrôler la qualité des prestations effectuées.

Outre ce resserrement de l'effectif (aujourd'hui l'entreprise compte trois personnes), Damien Vicart souhaite s'orienter davantage vers le cinéma. "La télévision devient trop concurrentielle et certains n'hésitent pas à travailler gratuitement pour attirer des clients, assure-t-il. Il y a moins de sociétés dans le secteur du cinéma car le matériel coûte encore plus cher que pour la télévision." Une réorientation qui commence sous de bons auspices. Bien que l'activité se concentre habituellement sur les beaux mois de l'année, Sky-Shoot a participé fin décembre 2015 au tournage du film "Le serpent aux 1 000 coupures" de Éric Vallet, une adaptation du polar de l'auteur français DOA.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.