COP21 : Enercoop, leader d'une nouvelle filière électricité en Midi-Pyrénées ?

10 mois après son implantation en Midi-Pyrénées, Énercoop compte plus de 2 200 clients dans la région. Le fournisseur d'électricité renouvelable veut désormais encourager l'émergence de nouvelles initiatives portées par les habitants et accompagne depuis septembre trois projets de l'incubateur Catalis autour de la transition énergétique.
Installation photovoltaïque Lum del Larzac.

"Avec 15 000 sociétaires, nous sommes le premier réseau de coopératives d'intérêt collectif de France", aime faire remarquer Loïc Blanc, le co-porteur du projet en Midi-Pyrénées. Fondé il y a 10 ans, le réseau Énercoop est un acteur majeur de l'économie solidaire et de la transition énergétique. Le fournisseur d'électricité met en relation des producteurs d'énergie renouvelable et des clients à proximité qui abandonnent leur contrat avec EDF et qui y trouvent une alternative à l'énergie produite par les centrales nucléaires. Le réseau compte aujourd'hui 10 antennes à travers le pays. Fin janvier 2015, la coopérative de Midi-Pyrénées a vu le jour à Toulouse. 10 mois plus tard, elle réunit plus de 2 200 clients et 300 sociétaires (qui ont souscris des parts sociales dans la coopérative). Trois salariés ont été embauchés et Énercoop table sur plus 200 000 euros de chiffre d'affaires en 2015.

Beaucoup d'hydraulique mais peu de solaire

Il faut dire que le territoire régional est un carrefour stratégique en matière d'énergies renouvelables.

"Historiquement, la région compte beaucoup de centrales hydrauliques. Il existe également des mini-centrales gérées par de producteurs indépendants. La majorité de l'énergie du réseau Énercoop Midi-Pyrénées provient de l'hydraulique. Nous avons 19 producteurs dans la région qui réalisent à eux seuls un tiers de l'énergie générée par Énercoop à l'échelle nationale", observe Loïc Blanc.

Les ressources ne manquent pas, pourtant les initiatives citoyennes en matière d'énergie renouvelable restent limitées. "Beaucoup de projets sont en développement en Bretagne. Des initiatives émergent également en Languedoc-Roussillon. En revanche, il y a très peu de choses en Midi-Pyrénées. Par ailleurs, le solaire, l'éolien et la biomasse restent à développer", poursuit-il.

Un incubateur de la transition énergétique

Pour combler ce manque, Énercoop a noué en septembre dernier un partenariat avec Catalis, l'incubateur en économie sociale et solidaire (ESS) financé par la Région. Trois projets parmi la troisième promotion de la structure d'accompagnement sont suivis depuis par Énercoop : une unité de méthanisation pour les agriculteurs dans l'Aveyron, un projet de coopération entre fermiers et citoyens dans le secteur de Saint-Affrique autour d'un parc éolien et photovoltaïque, enfin le projet Enercit 82 visant à développer le photovoltaïque dans le Tarn-et Garonne.

"Énercoop met à leur disposition ses contacts techniques mais aussi juridiques ou financiers, sachant qu'un porteur de projet n'est pas toujours un spécialiste de l'énergie, et qu'il n'a pas les moyens de payer un avocat dans les prémices du projet", explique Loic Blanc.

"L'équipe d'Énercoop les aide pour évaluer la faisabilité technique du projet, explique Émilie Masselot, chargée de mission chez Catalis. Mais le plus difficile est de mobiliser des citoyens autour du projet. C'est nécessaire pour rendre acceptable le projet auprès de la population et cela permet également d'avoir des relais pour soutenir le projet auprès des élus locaux".

"Cela peut prendre plusieurs formes. On peut par exemple organiser des réunions de concertation avec les habitants", complète Loïc Blanc. Si les projets vont jusqu'à leur terme, les producteurs pourront revendre l'énergie produite à Énercoop ou à d'autres fournisseurs d'électricité.

Dès janvier, Énercoop accompagnera des initiatives supplémentaires sélectionnées parmi la nouvelle promotion de l'incubateur Catalis. Depuis le printemps, le fournisseur accompagne  également la société Lum del Larzac dans l'installation de 17 panneaux photovoltaïques sur les toits de bergeries dans le Larzac. "L'idée est que ces premières initiatives servent d'exemple, essaiment, pour que les citoyens s'emparent de cette problématique et que les projets de transition énergétiques se multiplient sur le territoire", note Loïc Blanc.

Des énergies fossiles plus chères que l'électricité renouvelable en 2020

Mais pour que les clients se convertissent massivement aux énergies renouvelables, il reste plusieurs obstacles à franchir. L'incertitude autour de la règlementation française en la matière a entraîné une crise du secteur photovoltaïque avec la destruction de plusieurs dizaines de milliers d'emplois.Selon le syndicats des énergies renouvelables, les effectifs du secteur sont passés de 32 500 en 2010 à 10 000 en 2014, de quoi décourager beaucoup d'entrepreneurs de se lancer dans cette voie.

Autre obstacle : le prix de l'électricité. À ce sujet, le co-porteur de la coopérative Midi-Pyrénées note une évolution notable : "Énercoop était 40 % plus cher que EDF, il y a 10 ans alors qu'aujourd'hui nous sommes seulement 10 % plus cher, ce que représente suivant le profil du ménage 1 à 15 euros de plus par mois sur la facture. Comme les tarifs d'EDF devraient continuer d'augmenter, nous prévoyons un croisement des courbes avant 2020. Il coûtera ensuite plus cher de se chauffer avec de l'énergie fossile par rapport au renouvelable". Le fournisseur table sur plus de 10 000 clients en Midi-Pyrénées d'ici 5 ans.

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