Bientôt un cluster "animation et jeu vidéo" en Midi-Pyrénées ?

Sous l'impulsion de la société toulousaine TAT Productions, six entreprises du secteur de l'animation se sont réunies il y a quelques semaines au sein de l'association ARPAnim (Association régionale des producteurs d'animation), créée en 2014. Objectif : mettre en valeur une filière qui attire de nouvelles startups et qui crée (et maintient) des emplois en Midi-Pyrénées. L'émergence d'entreprises locales dans le secteur du jeu vidéo vient renforcer cette dynamique. Interview de Jean-François Tosti, président de l'ARPAnim et cofondateur de TAT Productions.
Pour Jean-François Tosti, président de l'ARPAnim, les filières de l'animation et du jeu vidéo sont amenées à se structurer ensemble

Qui sont les membres de l'association ARPAnim ?
Il y a six membres fondateurs : Xbo Films, Double Mètre Animation, le Lokal Productions, Anoki, Milan Presse et TAT Productions.

TAT Productions et Xbo Films sont à l'origine de cette association. Pourquoi ?
Pour comprendre, il faut remonter aux années 2000. À l'époque, il n'y a que deux structures de production d'animation en Midi-Pyrénées : TAT Productions, qui vient de se créer, et La Ménagerie. Ces deux sociétés se sont développées à un bon rythme. En 2008, TAT Productions commence à faire des programmes pour la télévision et, en parallèle, La Ménagerie ouvre Xbo Films. À ce moment-là, nos deux entreprises se professionnalisent, gèrent des budgets plus importants et embauchent. Un autre événement vient donner un coup de projecteur sur la filière : l'installation à Toulouse du Cartoon Forum, qui a donné envie à d'autres de se lancer dans l'animation, et notamment dans la série animée pour la télévision. Plusieurs sociétés ont alors réalisé que travailler pour la télé, c'est possible, et que c'est à Toulouse que ça se passe ! Ainsi ont émergé Anoki, Double Mètre Animation (un producteur de Paris venu s'installer dans le Gers), Le Lokal, etc.

Il y a quatre ans, le Cartoon Forum (forum de coproduction et de financement des séries TV animées) s'installe à Toulouse alors que la filière n'y est pas encore très développée. Pourquoi ?
La Ménagerie et TAT Productions participaient déjà au Cartoon Forum avant qu'il ne s'installe à Toulouse durablement. Avant, il changeait de ville chaque année. Nous avons trouvé intéressant que cela se déroule au moins une année à Toulouse, car l'événement met en avant les studios et les producteurs de la ville où il se déroule. Nous sommes allés voir les organisateurs pour leur parler de ce projet, et les collectivités locales pour qu'elles cofinancent le salon. Il fallait leur donner envie que le Cartoon Forum viennent à Toulouse. Heureusement, nous avions la cote auprès de France Télévisions et du CNC (Centre national du Cinéma), ce qui nous a aidé dans la démarche, car ce sont les deux autres partenaires financiers du Cartoon Forum.

Êtes-vous soutenus par les pouvoirs publics ?
Pour l'instant oui. L'émergence du secteur a été facilitée par l'augmentation des budgets de la Région consacrés à la filière animation, et ce depuis 2005. Pour les collectivités, c'est intéressant de développer le secteur de l'animation car il est très créatif et génère beaucoup d'emplois, essentiellement intermittents certes, mais plus pérennes que dans la fiction ou le documentaire. En plus, l'animation s'exporte très bien. C'est bon en termes d'image et de rayonnement.

Pourquoi l'animation française s'exporte-t-elle aussi bien ?
En France, nous avons une qualité d'animation et de programmes (pour la télé comme pour le cinéma), qui est exceptionnelle. Nous sommes un pays de cinéma de manière générale, et nous avons d'excellentes formations. Il y a aussi cette volonté nationale de soutenir la filière. En France, nous bénéficions d'un environnement ultraprivilégié en ce qui concerne l'audiovisuel.

La Région a évoqué il y a deux ans la création d'un cluster qui n'a jamais vu le jour. Est-ce pour pallier cela que l'association a été créée ?
Quand la Région a parlé de cluster, c'était tout simplement trop tôt. Mais nous avons notre part de responsabilité : nous avions peu de temps à consacrer à la création d'un cluster. Nous sommes des chefs d'entreprises, nos métiers nous prennent énormément de temps. Désormais, TAT Productions est devenue suffisamment grosse pour que je puisse dégager un peu de temps pour l'association. Le but est d'aller effectivement vers la création d'un véritable cluster.

À part les six membres fondateurs de l'ARPAnim, existe-t-il d'autres sociétés dans le secteur de l'animation ?
Oui, deux ou trois nouvelles startups commencent à monter des projets. Ce sont des jeunes fraîchement diplômés, comme chez Digiblur Studio. On sent bien que la création de l'association les incite à monter des entreprises. Il y a aussi des sociétés qui font du documentaire qui commencent à s'intéresser à l'animation.

Votre associé chez TAT Productions, David Alaux, évoquait il y a plus d'un an les difficultés à recruter à Toulouse dans le secteur de l'animation. Est-ce toujours le cas ?
C'est beaucoup moins le cas. Même si les compétences sont assez concentrées sur Paris et Angoulême, de plus en plus de personnes souhaitent venir travailler à Toulouse, notamment celles qui vivent à Paris. Ceci dit, cela ne nous a pas dérangé de recruter des jeunes sortant d'école, sans expérience, et de les former à notre savoir-faire spécifique.

Que représente la filière animation en Midi-Pyrénées en termes de poids économique ?
L'animation représente 150 emplois et un chiffre d'affaires de 8 millions d'euros environ. Je pense que le nombre d'emplois peut doubler d'ici à 4 ou 5 ans, grâce à de nouvelles sociétés et à la croissance des sociétés existantes.

En quoi Midi-Pyrénées se distingue des autres régions dans sa filière animation ?
Nous avons des studios qui sont aussi des producteurs, c'est une vraie particularité. Les producteurs ne sont pas à Paris. Nous avons aussi un grand événement international, le Cartoon Forum, qui donne une vraie visibilité aux acteurs du secteur. Il est accompagné d'un événement grand public, le Cartoon Festival. Et puis, nous avons d'excellentes formations, comme à l'ESMA ou l'Esav.

Des synergies sont-elles possibles avec la filière émergente du jeu vidéo ?
Elles sont inévitables, et le futur cluster ne se fera pas sans les entreprises du jeu vidéo. D'autant plus que dans le cadre de la fusion des régions, nous sommes en contact avec les sociétés de Languedoc-Roussillon, davantage spécialisées dans le jeu vidéo que dans la série animée (comme Ubisoft par exemple). En Midi-Pyrénées, le jeu vidéo compte de plus en plus de sociétés et nous les incitons à se structurer en filière. Le jeu vidéo et la série animée sont des activités totalement connexes. D'ailleurs, cette année, les entreprises Tataragne, Audiogaming et MediaTools seront au Cartoon Forum.

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