L'Inde, le marché d'avenir pour les entreprises de Midi-Pyrénées ?

Portée par une croissance de 7,5 % en 2015, l'Inde suscite un intérêt nouveau des entreprises françaises qui, jusqu'ici, lui préféraient la Chine. À l'image d'Airbus qui vient de signer une commande record de 26,55 milliards de dollars avec la compagnie aérienne indienne IndiGo, les entreprises de Midi-Pyrénées commence à s'intéresser à ce marché prometteur, mais particulier.

Malgré des relations bilatérales régulières et des coopérations scientifiques anciennes, notamment dans le spatial, les échanges économiques entre la France et l'Inde sont plutôt faibles comparés au potentiel des deux pays. En augmentation depuis 2004, ils atteignent un total de 7,9 milliards d'euros en 2014 dont plus de 5,2 milliards exportés par l'Inde en France. Des sommes bien éloignés des 56,8 milliards d'euros échangés entre la France et la Chine la même année.

Selon Rakesh Sharma, premier secrétaire aux affaires économiques et commerciales à l'ambassade d'Inde en France, la barrière linguistique explique cette indifférence mutuelle :

"Nous sommes un pays anglophone. Toute entreprise indienne qui veut investir le fait dans un pays où l'on parle anglais : l'Australie, les États-Unis, l'Angleterre, la Nouvelle-Zélande. Jusqu'à présent, la langue française était un problème pour nous, mais les choses changent. Les Indiens commencent à parler le français et les Français apprennent l'anglais. Il y a donc beaucoup plus de communication et nous pouvons faire des affaires."

750 filiales françaises en Inde

De fait, à l'image d'Airbus, qui vient de signer une commande record de 26,55 milliards de dollars portant sur 250 A320neo pour la compagnie aérienne indienne IndiGo, les sociétés françaises s'intéressent de plus en plus au marché indien. En juin dernier, la conférence consacrée à l'Inde lors du forum Destination International organisé en juin par la CCI de Toulouse a d'ailleurs fait salle comble. Le marché indien attise les convoitises. Et pour cause :

"La classe moyenne indienne représente 40 % de la population, rappelle Rakesh Sharma. Cela fait 600 millions de personnes qui veulent consommer et voyager."

Actuellement, plus de 750 filiales françaises sont implantées en Inde et emploient environ 240 000 personnes, principalement dans les états du sud, le Tamil Nadu et le Karnataka. Le stock de capital investi par ces entreprises s'élèverait à environ 19 milliards d'euros, principalement dans la cimenterie (19 %), les services (19 %), et l'agroalimentaire (7 %).

Outre Airbus qui a créé sa filiale Airbus India en 2014 et qui va ouvrir un BizLab à Bangalore, plusieurs sociétés midi-pyrénéennes font déjà des affaires en Inde. Mécamidi, par exemple, s'y est implanté en 2012 en prenant le contrôle de HPP Energy India, basée à Delhi. Depuis, l'entreprise spécialisée dans la fabrication de turbines et d'équipements hydroélectriques de moyenne puissance, y a enregistré plus d'une trentaine de commandes.

Plus récemment, Spherea, le spécialiste toulousain des bancs d'essais pour les équipements aéronautiques a signé, en mars dernier, un protocole d'accord avec l'Indien Axiscades pour présenter des offres communes sur le marché indien. Par ailleurs, Airbus Helicopters et Mahindra Defence Systems ont annoncé en juillet dernier la formation future d'une coentreprise afin de devenir le premier constructeur d'hélicoptères privés en Inde.

Faire preuve de Patience

Des investissements que les entreprises françaises doivent inscrire dans la durée car, en Inde plus qu'ailleurs, patience est mère de toutes les vertus.

Arrivé en Inde en 2002 et adossé à une famille indienne, le groupe toulousain Actia y avance à pas comptés.

"Tout prend du temps, constate Christian Desmoulins, le président du directoire. Notre filiale chinoise, créée en 2003, représente 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, contre 2 millions en Inde. Nous allons y poursuivre nos investissements."

En Inde, "le temps y est lent", confirme l'avocat Christophe Lèguevaques, bon connaisseur du sous-continent indien et fondateur de l'Indian Desk, un regroupement d'avocats accompagnant le développement des entreprises françaises en Inde. "Il ne faut pas attendre un retour sur investissement tout de suite."

Être bien accompagné

Comme pour faire des affaires en Chine, pays qui "obnubile les investisseurs français", selon l'avocat toulousain, mieux vaut s'associer à un partenaire indien pour profiter des "immenses ressources de croissance" de ce "géant endormi". "Les règles changent d'un état à l'autre et les zones franches fiscales nécessitent les conseils d'avocats locaux", assure Christophe Lèguevaques, qui conclut :

"L'Inde est formidable, mais il faut y aller accompagné par la Région ou avec des grands groupes pour trouver le bon interlocuteur sur place."

Le Conseil régional de Midi-Pyrénées, justement, multiplie les initiatives pour renforcer les relations avec le géant indien. Cette année, Martin Malvy, le président socialiste de la Région, a reçu Arun K. Singh, l'ambassadeur indien en France, le 18 mars 2015. Une visite suivie, un mois plus tard, par celle du Premier ministre indien Narandra Modi, venu discuter avec Airbus.

À cette occasion, Martin Malvy avait annoncé le lancement d'une mission exploratoire dans les états indiens du Karnataka, de Chennay et de Pondichery. Objectif : signer des accords de coopération dans les domaines de l'agroalimentaire, des télécoms, de la santé, des biotech, des énergies renouvelables, de la Ville intelligente et du tourisme du bien-être, et mettre en place un institut de recherche sur le vin avec l'Institut indien des Sciences de Bangalore. Prévue en septembre, la mission a été reportée à novembre. L'agence de développement économique Madeeli participera toutefois du 7 au 9 septembre au "Global Investors Meet" à Chennai, dans l'état du Tamil Nadu. L'occasion de préparer le terrain pour les entreprises midi-Pyrénéennes.

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