Biocenys, la Scop qui met des ruches dans les entreprises

La coopérative toulousaine Biocenys a déjà implanté plus d'une centaine de ruches en entreprise depuis sa création en 2012. Les sociétés y voient un moyen de valoriser leur démarche RSE et les apiculteurs, de leur côté, disposent d'un complément de revenus.
Une ruche est installée dans l'entreprise toulousaine 3X Consulants

Les ruches fleurissent depuis quelques années sur les toits urbains, sous l'impulsion des municipalités. Les abeilles commencent désormais à essaimer au sein même des entreprises. La Scop toulousaine Biocenys, fondée par Emmanuelle Parache, s'est lancée sur ce créneau dès 2012. Titulaire d'un diplôme de TBS et d'un DESS en marketing, la cheffe d'entreprise a participé à la création de plusieurs startups avant de s'intéresser à l'apiculture. Au lancement de Biocenys, elle a un objectif en tête : sensibiliser à la biodiversité avec l'implantation de ruches au sein des entreprises. La coopérative commence alors à commercialiser des kits "clés en main" pour accueillir les abeilles en milieu urbain. La ville (voir aussi l'encadré) est d'ailleurs un milieu particulièrement adapté pour ces insectes avec un temps plus sec et moins de pesticides qu'à la campagne:

"Les ruches peuvent être installées sur les toits ou dans les espaces verts des sociétés. L'idée, c'est qu'elles soient visibles. Un salarié est nommé correspondant du projet et il est prévenu dès que l'apiculteur vient s'occuper des abeilles. Les entreprises peuvent aussi organiser un événement au moment de la récolte en présence de leurs salariés et clients pour distribuer des pots de miel", détaille Emmanuelle Parache.

Lisser les revenus des apiculteurs

Pour installer et entretenir les ruches, l'entreprise va débourser environ 4 000 euros par an. Pour le moment, une centaine de ruches a déjà été installée, principalement dans les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. À Toulouse, le concept a séduit notamment Veolia ou 3X Consultants, entreprise spécialisée dans la formation informatique. Cet investissement peut ensuite être valorisé dans le cadre d'une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises) :

"Il n'y a pas de retombées économiques en tant que telles, observe Monique Frambourg, directrice associée de 3X Consultants, qui dispose de trois ruches depuis 2013. Cette initiative permet surtout de fédérer les salariés autour du projet. Certains peuvent être amenés à surveiller les ruches. Lors de la récolte, nous avons distribué des pots de miels aux salariés ainsi qu'aux clients. Les visiteurs qui viennent sur le site nous posent également énormément de questions. Les seules retombées sont en termes d'image. Les grands groupes investissent dans la RSE mais c'est beaucoup plus rare au sein des PME comme la nôtre. L'implantation de ces ruches permet de véhiculer une image positive de la société."

Si les entreprises y voient un moyen de stimuler leurs équipes et de communiquer sur leur engagement environnemental, les apiculteurs locaux trouvent de leur côté une manière de compléter leurs revenus.

"Les abeilles connaissent un taux de mortalité de 30 % en moyenne pour une multitude de raisons et notamment l'utilisation des pesticides dans l'agriculture. Par ailleurs, les récoltes de miel sont très aléatoires. Par exemple, celle de l'année 2014 a été très mauvaise. L'implantation de ruches dans les entreprises permet aux apiculteurs de lisser leurs revenus", avance la fondatrice de Biocenys.

 Et Emmanuelle Parache a déjà observé des évolutions dans le rapport de ces entreprises à la biodiversité :

"Installer une ruche amène d'autres questionnements. Par exemple : est-ce que je dois utiliser des pesticides pour entretenir mes espaces verts alors que des abeilles y vivent ? Du fait de leur activité, les entreprises ne se sentent pas toutes concernées par la biodiversité mais, en réalité, elles le sont toutes", poursuit-elle.

Après trois années d'activité, la Scop compte réaliser 250 000 euros de chiffre d'affaires en 2015. En novembre dernier, la société a pu lever 70 000 euros auprès d'acteurs de l'économie sociale et solidaire et financer ainsi l'embauche d'une troisième salarié. Et si les ruches représentent toujours 90 % de son activité, Biocenys tente aujourd'hui de développer un panel d'activités d'ingénierie et de sensibilisation en lien avec la biodiversité : commercialisation d'hôtels à insectes, implantation de parcours biodiversité pour découvrir le patrimoine environnemental d'une entreprise... Autre projet en cours : proposer aux entreprises ou aux collectivités de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre en préservant les forêts locales. Les sociétés volontaires peuvent ainsi participer à l'essor d'une filière bois ou au classement des vieux massifs au fonds inaliénable du Conservatoire des espaces naturels. Biocenys espère que cette dernière initiative remportera le label COP21, histoire de donner plus de visibilité au concept.

Les abeilles aiment la ville

Véritable thermomètre de l'état de santé de la nature ("si l'abeille va bien, tout l'écosystème va bien", rappelle Emmanuelle Parache), l'abeille vit particulièrement bien en milieu urbain. "En ville, il n'y a pas de pesticides. Le bol alimentaire des abeilles est plus important puisque les cultures sont plus diversifiées alors qu'à la campagne, les abeilles connaissent des périodes de disette et, enfin, la température est plus élevée dans les villes."

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.