Les salariés de Cimpa, filiale d'Airbus Aircraft, vont protester jeudi 29 janvier contre le projet de vente de leur entreprise. Cette journée fait suite à une première mobilisation le 9 octobre 2014. À l'époque, les salariés demandaient à être mis au courant des négociations et de leur avenir. Le mot d'ordre n'a pas changé.
"Nous entendons des rumeurs. Nous sentons que les choses avancent du côté d'Airbus. Mais le nom du repreneur qui devait être annoncé début janvier ne l'a pas encore été. Nous voulons savoir", déclare Laurent Tomas, élu CFE-CGC du Comité d'entreprise de Cimpa.
Dans un communiqué, l'intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO annonce que, parmi les sociétés qui s'étaient portées acquéreures, "à ce jour, deux resteraient en lice". Elle précise par ailleurs que "si on ne connaît pas à ce jour le nom de ces sociétés, il semble que le choix soit entre deux sociétés de service informatique indienne ou française". D'après nos informations, l'entreprise indienne pourrait être la SSII Infosys.
Tenus à l'écart des négociations, les syndicats et les salariés s'inquiètent des conséquences de la vente de leur entreprise.
"Les risques sont clairs : fermeture de sites, licenciements, mobilité forcée, délocalisation du savoir-faire et perte d'acquis sociaux, énumère l'intersyndicale. Les salariés refusent d'être remerciés par une externalisation et un plan social déguisé."
Pour Laurent Tomas, syndicaliste CFE-CGC, un site comme Bordeaux - qui emploie 40 personnes - pourrait faire les frais d'une reprise par un groupe étranger : "Bordeaux est orienté "Defence & Space". Si le repreneur est indien, les contrats secret-défense ont de fortes chances d'être coupés."
Mise en cause par les syndicats, la direction d'Airbus affirme que "les organisations syndicales ont été informées régulièrement de la stratégie d'Airbus et de l'avancement du processus de vente". Concernant le choix des repreneurs, "la loi ne nous autorise pas à communiquer, ni en interne, ni en externe, sur les repreneurs potentiels, précise-t-elle. Tant que le repreneur n'est pas identifié toute spéculation est totalement infondée. Nous explorons plusieurs propositions de rachat."
La réponse de Fabrice Brégier
Interpellé sur la messagerie interne de la société, Fabrice Brégier, le président d'Airbus Aircraft, a tenté de rassurer les salariés de Cimpa. "La stratégie actuelle d'Airbus se concentre sur des innovations incrémentales pour nos avions existants. Cela signifie que les développements et les déploiements PLM d'Airbus diminueront pendant quelques années, et par conséquent que le développement de Cimpa sera réduit dans sa collaboration avec Airbus", rappelle-t-il.
Pour le PDG de l'avionneur, Cimpa, dont le chiffre d'affaires dépend à 92 % des activités d'Airbus Group et à 75 % d'Airbus, se trouve "face à un tournant décisif" :
"Le comité exécutif et moi-même pensons que Cimpa est prêt à investir de nouveaux marchés, comme l'ont déjà démontré vos récents succès avec Renault, Safran, MAN etc.
Toutefois, pour développer des activités en dehors d'Airbus (...), un niveau d'investissement élevé sera nécessaire, ce qui n'est pas la priorité actuelle d'Airbus Group."
Fabrice Brégier conclut ainsi son courrier : "notre priorité numéro un est de choisir une société qui continuera à développer Cimpa". Il s'engage "personnellement" à ce que Cimpa "avec ses compétences actuelles (reste) un acteur majeur pour Airbus - et notamment parce que vous disposez du savoir-faire et de l'expérience pour développer des programmes avec nous".
Des propos qui ne rassurent pas les salariés. "Depuis 2009, Airbus a demandé à Cimpa de se focaliser sur le support des programmes en développement, rappelle l'intersyndicale. Rien n'a été fait pour nous aider à anticiper les baisses de charge actuelles. Même si Cimpa se développe chez des clients hors groupe Airbus, une diversification prend du temps. Airbus doit assumer ses choix stratégiques de ces dernières années."
Farouchement attaché au groupe Airbus, l'intersyndicale a proposé "un rattachement à une autre entité du groupe ou à Airbus Safran Launchers", comme alternative à la vente. Si sur ce point, la réponse de la direction se fait attendre, elle remarque que "la création d'Aerolia en 2007 avait donné lieu aussi à des inquiétudes et aux mêmes spéculations et pour autant, la société n'a pas cessé de se développer, tant en France qu'à l'international".
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