Face aux problèmes de sûreté, Airbus embauche des "hackers maison"

Intelligence artificielle, embauche de "hackers maison", solutions de biométrie… Pascal Andrei, "chief product security officer" d’Airbus Group, a livré la stratégie du groupe en matière de sûreté à l’occasion d’une journée d’échanges organisée par l’Enac à Toulouse.
"En 2015, Airbus a fait face à 144 millions de malwares"

Risque d'explosions, d'intrusion, cyber attaques, sabotages, menaces sol-air, menaces physiques... La liste des menaces potentielles  en matière de transport aérien est longue. Suffisamment pour que l'école nationale de l'aviation civile (Enac) y consacre une journée d'échanges, le 10 octobre dernier, à Toulouse. Des représentants du secteur de tous horizons, aéroports internationaux, direction générale de l'aviation civile, représentants de l'État, ont partagé leur vision et leurs stratégies sur cette question.

Pascal Andrei notamment, chief product security officer d'Airbus Group (chef de produit, responsable de la sécurité) a livré sa vision d'avionneur face à cette réalité.

"Chez Airbus, nous mettons en œuvre un programme sûreté sur deux grands aspects de menaces potentielles, les menaces physiques et les cyber menaces", a-t-il introduit.

En matière de menaces physiques, l'avionneur adresse notamment des listes de menaces potentielles, dans ses analyses de risques aux compagnies aériennes et aux aéroports.

L'innovation : une réponse indispensable face aux risques

Illustration avec les menaces d'explosions. Un risque que l'avionneur a longtemps laissé entre les mains des aéroports et des services de renseignements, depuis le sol.

"Aujourd'hui, travailler sur la détection d'explosif fait partie de nos projets innovants," a indiqué Pascal Andréi. La certification nous oblige notamment à disposer dès la conception de nos appareils, d'une zone de non-risque. Nous désignons donc une zone -non critique- permettant de contenir une explosion, dans laquelle le commandant de bord pourra décider de déposer un objet suspect qui aurait été repéré à bord."

Par ailleurs, le service sûreté d'Airbus travaille en étroite collaboration avec les designers de cabines pour augmenter leur niveau de sécurité dès la conception. Des programmes d'innovation concernent aussi des solutions de biométrie pour sécuriser les moyens d'accès au cockpit.

Ces dernières années, avec le développement des drones et l'utilisation des lasers par le grand public, l'aviation civile a dû faire face à de nouvelles formes de menaces. "Ces lasers qui ont une portée de 100 km généralement, constituent une vraie menace pour nos avions aujourd'hui a expliqué Pascal Andrei. Nous travaillons d'ailleurs à la mise au point de filtres lasers multifréquences et multi couleurs en partenariat avec la seule société au monde qui innove sur ce sujet."

Des process maison pour sécuriser la supply chain

Autre préoccupation forte pour l'avionneur : la cyber sécurité. "En la matière, la phase la plus compliquée à sécuriser reste celle de la supply chain. Il est très compliqué pour nous d'avoir confiance dans tous les prestataires, qu'ils soient chez nous ou à l'extérieur", pointe Pascal Andréi.  C'est pourquoi nous avons développé des process internes pour nous assurer au maximum que ces prestataires connectés sont de confiance."

Les mêmes difficultés se posent pendant les phases de système de contrôle industriel et de maintenance, "un moment où l'avion est ventre ouvert, où l'on télécharge et met à jour des logiciels. "

Enfin, l'arrivée des avions de dernière génération -les A380 et A350- a contraint le constructeur à faire face à de nouveaux environnements très complexes et connectés.

"Sur ces questions, nous avons travaillé avec 14 hackers côté Airbus Group, qui faisaient des tests d'intrusion sur nos avions et nous ont aidé à concevoir des architectures sécurisées. En 2015, nous avons dû faire face à 144 millions de malwares... C'est une nouvelle activité pour nos ingénieurs, à ne pas sous-estimer."

En matière de cyber sécurité, Airbus a lancé plusieurs projets d'intelligence artificielle, a indiqué Pascal Andréi qui estime que l'avion doit être le plus résilient possible. "Dans ce contexte, le passage à la digitalisation, va nous obliger à revoir complètement notre modèle de sûreté. "

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