Agriculture : le succès de Vento-Sol contrarié par l'État

La société castraise Vento-Sol est spécialisée dans la gestion des eaux polluées par les pesticides. Son premier dispositif, Ecobang, récompensé lors du dernier salon Tech & Bio, permet le traitement de ces eaux à moindre coût. Mais la commercialisation du produit est impossible sans sa reconnaissance par le ministère de l'Écologie.
Le dispositif Ecobang permet le traitement de 500 à 5 000 litres d'eau polluée par an

Titulaire d'un CAP serrurier métallier, Nicola Vento intègre en 2010 la coopérative Régate (Castres) dans laquelle il développe et améliore son dispositif des effluents agricoles, Ecobang. Ce dispositif permet de traiter les eaux issues du nettoyage des pulvérisateurs agricoles, qui répandent les pesticides sur les cultures. En juin 2015, il créé sa propre société, Vento-Sol, pour mettre en vente son invention. Destiné à l'agriculture, le dispositif Ecobang solutionne le problème coûteux du stockage et de la destruction des petites quantités d'effluents (moins de 50 000 litres par an).

La société Vento-Sol en passe de se développer

Lors du salon Tech & Bio, qui a eu lieu à Montagne (Gironde) les 6 et 7 juillet, Nicola Vento a remporté le prix de l'innovation 2016 pour son dispositif. Ce prix, il le considère comme une légitimation de son travail de la part des professionnels du monde agricole, et une motivation pour continuer dans cette voie. L'objectif premier de Nicola Vento est d'agrandir la société, pour devenir plus productif.

"Une réorganisation est prévue à la mi-septembre : je ferai en sorte de passer désormais par un réseau de distribution. Par ailleurs, je ne peux plus travailler seul, j'ai de plus en plus de clients. Jusqu'à maintenant, je fabriquais tout dans mon garage, mais maintenant j'aimerais bien embaucher."

En plus d'un produit adaptable à toutes les configurations (sur une cuve, une citerne enterrée ou une fosse...), Nicola Vento a choisi de développer son dispositif afin qu'il puisse traiter des quantités d'eau de plus en plus grandes :

"La quantité d'eau traitée par an dépend de la zone géographique dans laquelle est située la cuve, et de la température qu'il y fait. Le dispositif actuel permet de traiter entre 500 litres d'eau par an en Picardie, et 3 000 litres d'eau par an dans le Vaucluse. Dans sa prochaine version, Ecobang pourra traiter 8 000 litres en Picardie, et 30 000 litres dans le sud de la France."

Une invention efficace pour les agriculteurs

Le système est simplement composé d'une cuve, dans laquelle est stockée l'eau polluée, et d'un ventilateur placé au-dessus, qui permet l'évaporation de l'eau. Après l'opération, le résidu sec restant au fond de la cuve est collecté par des organismes spécialisés dans la destruction de matières dangereuses, tels qu'Adivalor. Ce dispositif permet à chaque professionnel utilisant des produits phytosanitaires de traiter ses eaux usées lui-même et à moindre coût.

Avec plus de 80 appareils installés sur tout le territoire national (dont 40 depuis début 2016), Nicola Vento connaît un démarrage fulgurant : "J'ai une quarantaine de clients. Ce sont majoritairement des agriculteurs : des viticulteurs, des céréaliers, des producteurs de fruits. Mais j'ai également comme client BASF Agro, une entreprise qui conçoit des produits phytosanitaires, ainsi que la centrale EDF de Bugey (dans l'Ain, NDLR)."

Le ministère de l'Écologie peu enclin à reconnaître le dispositif Ecobang

Ecobang apparaît comme une véritable révolution dans le traitement des eaux polluées et a donc déjà séduit des agriculteurs. Mais le parcours de Nicola Vento est terni par un obstacle majeur : le ministère de l'Écologie a refusé de procéder à la reconnaissance de sa solution, ce qui l'empêche de vendre son produit.

"Le dispositif Ecobang n'a été reconnu que pour le domaine de la viticulture, alors que les tests prouvaient qu'il avait été créé non seulement pour tout le domaine agricole, mais également pour l'industrie et l'artisanat. De plus, le ministère de l'Écologie m'a imposé de faire reconnaître les résidus d'effluents issus de l'Ecobang comme matières non dangereuses s'ils devaient servir pour l'épandage. Or, il n'a jamais été question d'épandage : ces effluents ne servent pas à cela et sont bien des matières dangereuses. Il y a une grosse incompréhension là-dessus. Aujourd'hui, beaucoup de professionnels ne souhaitent pas se munir de mon dispositif parce qu'il n'est pas reconnu par l'État. J'ai donc agi en justice contre le ministère de l'Écologie en mai 2015 afin de leur demander la véritable reconnaissance de mon invention, ainsi que sa subvention pour permettre à tous les agriculteurs qui le souhaitent de l'utiliser."

Malgré les risques que cela implique, Nicola Vento commercialise quand même Ecobang, qu'il ne considère pas hors-la-loi : "J'ai passé 5 ans sur ce projet, ce n'est pas pour tout arrêter là, à cause d'un gouvernement qui n'y comprend rien. Je vends donc mon dispositif dans toutes ses versions et à tous les domaines. Il n'y a aucun risque puisque le Code de l'environnement est très clair, et je le respecte." À ce jour, la procédure est en attente de la réponse du ministère de l'Écologie, qui ne s'est toujours pas prononcé quant à la demande de reconnaissance du dispositif formulée par Nicola Vento.

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