Toulouse aura sa LGV d'ici 2030, les réactions sont mitigées en Midi-Pyrénées

La LGV Bordeaux-Toulouse est la seule ligne maintenue avant 2030, selon le rapport Duron remis aujourd'hui au ministre des Transports, Frédéric Cuvillier. Ce rapport, établi par la Commission Mobilité 21, préconise par ailleurs une sortie du "tout TGV", jugé trop coûteux. En Midi-Pyrénées, les réactions des politiques sont mitigées. Martin Malvy se dit "confiant" et Pierre Cohen "vigilant". Jean-Luc Moudenc parle lui de "mauvais coup".


Le rapport de la Commission Mobilité 21 sur les infrastructures de transport à construire lors des prochaines décennies a été remis au gouvernement ce jeudi. Il préconise une sortie du tout TGV, trop coûteux en période de restrictions budgétaires, au profit d'une autre politique de transports, axée sur la proximité. Ce rapport met en effet l'accent sur la nécessité de rénover les infrastructures existantes, et d'investir dans de grands "nœuds ferroviaires", destinés à désengorger de nombreuses gares, comme celle de Lyon, de Marseille, et celle de Saint-Lazare à Paris. Seule rescapée de ce rapport, la LGV Toulouse-Bordeaux puisque la construction de cet axe est maintenue avant 2030, dans le meilleur des cas.

Premières réactions en Midi-Pyrénées
Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées, était en séance plénière à l'Hôtel de Région aujourd'hui, et a déclaré : "Je suis confiant car très objectivement la liaison avec Toulouse ne peut être que prioritaire. Toulouse est la quatrième ville de France. Quelle autre raison aurait pu pousser à mettre Bordeaux à 2 heures de Paris que celle qui - dans le prolongement - permet à la capitale de Midi-Pyrénées d'en être à 3 ? Aucune. C'est l'augmentation du trafic au départ ou à l'arrivée de Toulouse et Montauban, les 2 gares de Midi-Pyrénées, qui assureront la rentabilité des investissements en cours. Confiant enfin car nous participons actuellement au financement des travaux - comme cela nous a été demandé - sur Tours-Bordeaux, c'est-à-dire hors de nos limites administratives, ce qui aurait été inconcevable s'il ne s'était agit d'un axe unique : Paris-Toulouse par Tours et Bordeaux. C'est le raisonnement et le discours que je n'ai cessé de porter depuis près de 15 ans."

De son côté Pierre Cohen, maire de Toulouse, également occupé en conseil communautaire toute la journée, se dit "satisfait" et "vigilant". Dans un communiqué de presse envoyé en début d'après-midi, il déclare : "Les conclusions du rapport confirment la nécessité de raccorder Toulouse au réseau de la grande vitesse. Les collectivités restent totalement mobilisées et attendent la confirmation des préconisations du rapport par le gouvernement."

Si le rapport Duron va dans le sens des positions défendues par l'ensemble des exécutifs locaux de la région, il est vivement critiqué par EELV31 plutôt défenseurs "d'une mise en norme immédiate aux grandes vitesses du réseau ferré" comme le souligne Gérard Onesta: "La seule solution, étant donné l'argent disponible, est de réaménager les lignes existantes, et ce sera fait d'ici 3 ou 4 ans, inutile d'attendre 2030." Sous la plume de Régis Godec, Antoine Maurice et Guillaume Cros, élus d'EELV, est dénoncé "un abandon" de la question des transports par la commission Mobilité 21. Pour le parti écologiste, les conclusions du rapport ne sont pas pour rassurer et posent bon nombre d'interrogations. "Si l'État suit les recommandations du rapport, demandera t-il aux collectivités locales d'augmenter leur participation ? Avec quelles conséquences sur leurs investissements en faveur des transports du quotidien, qui relèvent de leur mission première ? A moins qu'il s'agisse avant tout de reporter à plus tard l'abandon d'un projet infaisable... ce qui serait le pire des scénarios."

De son côté le député UMP Jean-Luc Moudenc emploie un ton sévère à l'égard des socialistes : "Les socialistes toulousains, Pierre Cohen en tête, ont trahi l'intérêt de notre ville, puisque cet après-midi, en Conseil de Communauté urbaine, ils ont fait voter un texte exprimant leur « satisfaction » sur cette situation. Ils sont donc complices de ce mauvais coup porté à Toulouse, à notre économie et à tout le territoire régional. C'est très grave ! Pourtant, les collectivités locales ont participé au financement de la section Tours-Bordeaux et Toulouse s'est engagée à transformer le quartier de la Gare Matabiau en prévision de l'arrivée du TGV. Il serait donc inacceptable du point de vue de l'égalité des territoires que la création de la portion Bordeaux-Toulouse et son prolongement vers Narbonne soient repoussés."

Pour Jean-Louis Chauzy, prudent, l'heure est encore à la mobilisation. "Deux projets emblématiques pour Midi-Pyrénées, la LGV Bordeaux-Toulouse et l'aménagement de la RN126 Toulouse-Castres, sont retenus dans les priorités du scénario 2 à réaliser avant 2030 mais à condition que l'AFITF reçoive pendant 15 ans des moyens en augmentation, ce qui aujourd'hui n'est pas garanti. Les autres lignes nouvelles Bordeaux-Espagne, Toulouse-Narbonne, Montpellier-Perpignan sont repoussées à plus tard. (...) Malgré ces avancées, nous appelons de nos vœux une mobilisation de tous les élus du sud-ouest européen lors des négociations qui s'engageront dans quelques jours avec le ministre des Transports, avant les arbitrages que rendra le Premier ministre Jean-Marc Ayrault au nom du gouvernement."

Et le calendrier ?
Concernant le calendrier des travaux, Pierre Cohen a réaffirmé l'obligation de rattraper le temps perdu sur ce dossier. "Les études sont aujourd'hui très avancées et la phase de construction suivant la phase d'enquête publique devra démarrer sans délai, explique-t-il. Nous restons donc vigilants aux côtés de la Région Midi-Pyrénées et du Département de la Haute-Garonne sur le calendrier pour que la construction du tronçon Bordeaux-Toulouse puisse se faire dans la continuité du tronçon Tours-Bordeaux."

La Région quant à elle, n'écarte pas l'hypothèse d'une LGV prête à horizon 2022. "Si nous commençons les travaux en 2018, l'objectif fixé de 2022 est tout à fait réalisable. Mais avant, il faut que le DPU soit validé dès 2014, et j'y apporterai une vigilance toute particulière" a précisé son président socialiste.

La ligne devrait coûter près de 7 Md€ pour une participation des collectivités territoriales évaluée à plus d'1Md€ .

Sophie Arutunian, Jérémy Lacoste, Paul Périé
© photo Rémi Benoit

En savoir plus:

Lire le rapport Duron

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