Toulouse Business School ouvre un campus "Finance" à Londres

Toulouse Business School vient d'ouvrir un campus à côté de La City, à Londres, spécialisé dans les formations liées à la finance. Le Brexit n'a pas menacé le projet, il est même "favorable" selon le directeur de l'école François Bonvalet. Le campus devrait générer entre 1 et 3 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici à 5 ans. Entretien.
TBS a désormais un campus non loin de La City, à Londres

Pourquoi TBS a ouvert un campus à Londres ?
Quand je suis arrivé à la tête de l'école en 2014, je savais que TBS était performante dans un certain nombre de domaines (marketing industriel, RSE, RH notamment) mais je n'avais pas forcément remarqué son secteur finance. Puis, je me suis aperçu que l'on avait un formidable département de finance (indépendant du département comptabilité, ce qui est rare) et que les cours était de très haut niveau. En 2014, nos étudiants en finance ont même remporté un concours au niveau national. La même année, je me suis rendu à Londres rencontrer des anciens de TBS, dont la majorité travaille désormais dans la finance. Et un certain nombre d'entre eux m'ont dit : "Pourquoi TBS ne s'implante pas à Londres ? Il y a un besoin de stagiaires et des embauches ici. Nous faisons appel à un tas d'écoles locales (King's College, London Business School, London School of Economics) mais pas TBS." Tout ça mis bout à bout, il m'est apparu évident de le faire.

Londres est une ville très chère, cela a-t-il été une difficulté ?
Le problème de Londres est en effet que les prix sont 4 fois supérieurs à ceux de Paris en termes de loyer. Nous allons bientôt créer une "charity", une sorte d'association loi 1901 qui permet de bénéficier de loyers un peu dégradés, mais cela reste quand même très cher. Nous avons visité beaucoup de locaux, avec une condition : être au centre de Londres, non loin de La City. Nous avons finalement contractualisé pour des locaux de 327 m2 situés à Holborn.

Quelles formations sont / seront dispensées sur ce campus ?
Il est trop compliqué de créer directement un nouveau programme, nous avons donc dans un premier temps décidé de proposer un programme qui existait à Toulouse. Depuis le 6 septembre, nous avons donc exporté un morceau du programme grande école de 3e année, une option professionnalisante en finance de marchés. L'ensemble des cours se déroule à Londres, en anglais. Il faut dire que plus de la moitié des intervenants dans cette option sont, de toute façon, basés à Londres.
Notre idée est de créer pour la rentrée 2017 un master spécialisé finance de marché et/ou actuariat (expertise des risques dans le monde des assurances). Puis, pour la rentrée 2018, nous réfléchirons à monter d'autres programmes. Personnellement, je me dis que le marché sera très propice à développer un bachelor, délivré en langue anglaise par une école française triplement accréditée. Cerise sur le gâteau : nous serons moins chers que les écoles anglaises.

Quel a été l'impact du Brexit ?
Sans être cynique, non seulement le Brexit ne nous embête pas, mais il risque même d'être assez favorable.

Pourquoi ?
N'oublions pas que les Anglais ont une très haute expertise en matière financière : ce n'est pas parce que le Brexit arrive qu'ils vont se transformer en vendeurs d'articles de pêche. En d'autres mots, La City n'est pas près de disparaître. La place anglaise va évoluer, bouger, mais les Anglais vont garder une industrie financière. Ils perdent certes l'accès à un certain nombre de marchés européens mais ils vont transformer cela en autre chose. De notre côté, nous ne formons pas 3 000 étudiants sur place chaque année : nous avons des promos de 30 étudiants (pour les masters spécialisés) ou 40 étudiants (pour les bachelors, qui ne vont pas tous travailler à Londres). Il n'y aura donc pas de problème de débouchés.

Et puis, les universités anglaises vont avoir du mal à envoyer leurs étudiants en Europe, car elles n'auront plus le dispositif Erasmus. Si on est basés sur place avec un prix intéressant, l'alternative est forte. Sans parler des fils et filles de Français basés à Londres avec qui on peut déjà remplir deux bachelors.

Quel est le modèle économique du campus ?
On gère nos campus (Paris, Barcelone, Casablanca, Londres, NDLR) comme des entités non pas indépendantes, mais autonomes. On applique à ces entités les mêmes règles que ce qu'on applique à Toulouse grâce aux accréditations, ce qui est une garantie de qualité, mais il y a des spécificités. À terme, Londres, dans son exploitation, devra générer les ressources qui lui permettront de payer ses charges (le recrutement de trois professeurs est prévu), autrement dit, ce n'est pas TBS Toulouse qui va payer les salaires des professeurs de Londres. Le business plan prévoit que Londres soit autonome en année 3. C'est déjà le cas sur les campus de Barcelone et Casablanca.

Quel chiffre d'affaires va générer ce nouveau campus ?
C'est difficile à dire, cela dépendra du nombre de programmes que nous ouvrons et à quel rythme. À terme, ce sera entre 1 et 3 millions d'euros. C'est plus petit que Barcelone, qui génère le double de revenus, car il y a beaucoup plus d'étudiants. À Casablanca, on est sur 1,5 million d'euros à peu près, sur de la formation continue. Mais l'essor de ce campus sera lié à l'essor du marché africain et subsaharien en particulier, dans les prochaines années.

Avez-vous d'autres projets d'internationalisation de TBS ?
Je l'ai toujours dit, TBS a un gros point faible : l'accueil d'étudiants étrangers. Nous avons donc complètement restructuré le département relations internationales. Nous avons changé la direction : Florence Ramillion en a pris la tête, en provenance de l'Inseec, une école très performante en matière de marketing. Nous avons aussi recruté des commerciaux. Nous avons fait beaucoup de choses en deux ans, et 2017 sera l'année de la consolidation. Nous réfléchirons en 2018 à un nouveau campus à l'étranger mais je ne sais pas où. Nous allons aussi dupliquer certains programmes phare, notamment le Aerospace MBA. Il marche très bien à Toulouse, et au-delà de ce qu'on imaginait à Bangalore. Nous pourrions peut-être l'implanter aux États-Unis.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.