Business : comment Toulouse est-elle perçue par les entreprises étrangères ?

Créée fin 2012, l'agence de développement de la métropole Invest in Toulouse a pour objectif de renforcer l’attractivité, la visibilité et le rayonnement de l’agglomération au niveau international. Sylvia Ferrari est responsable prospection à l'international d'Invest in Toulouse. Elle fait le point sur les points forts et les défis de la métropole. Interview.
L'Oncopole de Toulouse est un argument d'attractivité pour les entreprises étrangères

Quels sont les pays qui investissent le plus à Toulouse ?

Les États-Unis sont les premiers investisseurs en France. À Toulouse, avec l'aéronautique, ce sont les Allemands qui occupent la première place (avec environ 85 entreprises selon une étude de la CCI, NDLR) même si les Américains arrivent juste derrière, en deuxième position (avec près de 75 entreprises).

Comment est perçue la métropole toulousaine par les entreprises étrangères ?

Cela fait 17 ans que je fais ce métier. J'ai notamment travaillé pour Sophia Antipolis, Nantes et Marseille et j'ai été surprise de voir à quel point Toulouse n'est pas connue à l'étranger alors qu'en France, elle est très renommée. Il y a cette dichotomie forte. Mais lorsque l'on met en avant les résultats de Toulouse en matière d'aéronautique mais aussi de spatial, c'est une agréable surprise pour tout le monde. Les gens s'étonnent également des atouts de la ville dans d'autres domaines. Ils disent : "Je ne pensais pas qu'à Toulouse, vous étiez aussi forts en digital, dans l'oncologie..." Enfin, la démographie toulousaine est exceptionnelle par rapport à la France, de même que la croissance du PIB ou la situation de l'emploi.
Nous avons commencé des projets avec quelques sociétés aux États-Unis, avec des gens qui n'auraient jamais envisagé d'ouvrir une filiale en France, et encore moins à Toulouse.

Quels sont les points qui permettent à Toulouse de se démarquer des autres métropoles ?

Typiquement, Robosoft (entreprise franco-singapourienne spécialisée dans la robotique qui s'est installée à Balma à l'été 2014, NDLR) avait plusieurs villes en tête et, très rapidement, Toulouse a été une évidence par la facilité de recrutement. La société souhaite recruter 30 ingénieurs et Toulouse est la capitale européenne en matière de systèmes embarqués avec 250 entreprises dans ce secteur. La ville compte également 7 écoles d'ingénieurs... À un moment donné, nous étions en concurrence avec Bordeaux et ils se sont très vite rendus compte que l'aéroport bordelais n'aurait pas fait l'affaire.

Les prix aussi jouent en notre faveur. L'immobilier est 30 % moins cher qu'à Paris et les prix sont moins élevés qu'à Lyon, Nice et Marseille, voire Bordeaux. Les salaires sont également plus bas. C'est le paradoxe toulousain. Malgré sa croissance, les prix sont bas. Nous sommes également en train de nous positionner comme back office de grands groupes étrangers qui ont forcément leur siège à Paris mais qui peuvent installer à Toulouse leur service informatique grâce aux facilités de recrutement et aux prix.

Parmi les points positifs, il y a aussi l'oncologie. Nous avons quelques entreprises américaines qui commencent à s'intéresser à Toulouse parce que nous avons tout le continuum, toute la chaîne de valeur, de la recherche jusqu'au patient, avec les essais cliniques. Lorsque l'on organise un ou deux jours de visite, les entreprises étrangères se rendent compte qu'au niveau de l'oncologie, Toulouse est en pointe. D'ailleurs, la pépinière d'entreprises autour de l'Oncopole est complète.

Quels sont les défis, les points d'amélioration pour la métropole toulousaine ?

Je reviens du Japon et la première question des Japonais était : "Vous êtes à combien de temps de Paris en TGV ?" C'est vraiment là que le bât blesse. Nous leurs disons que nous sommes à une heure d'avion de Paris avec 80 allers/retours. Nous avons perdu un beau projet dans le domaine de la banque-assurance avec 500 emplois à la clé, au profit de Lille ou Lyon, à cause du TGV.

Nous manquons également de "capital venture", des entreprises de renom qui financent les start-up à un stade très précoce. Même si nous avons des chiffres incroyables en termes de digital et des exemples comme Sigfox, le manque de communication est gênant. Certaines start-up nous disent que leurs actionnaires ne connaissent pas Toulouse. Un de nos défis, c'est d'attirer des start-up mais également des incubateurs étrangers de renom.

Invest in Toulouse a réalisé, en 2014, 11 missions de prospective dans 6 pays (Allemagne, Danemark, Espagne, Israël, Suède et États-Unis). Quels sont les secteurs que vous privilégiez ?

L'agence a été créée dans le but de diversifier l'économie toulousaine. Elle a de fait exclu l'aéronautique de ses secteurs de prospection. Nous sommes trois à effectuer ces missions à l'étranger : Julien Toulouse, ancien élève de TBS, s'occupe de tout ce qui est digital, IT, voire applications spatiales. Il est allé notamment en Israël pour une mission sur les TIC. Marie Sanson, une ancienne chercheuse dans le médical (post-doc à New York), se positionne sur tout ce qui est santé. Et moi, je m'intéresse plutôt à tout ce qui est services aux entreprises. Cela peut être un back office (en français, une unité administrative, NDLR) d'une grande entreprise comme une banque, une assurance ou des services financiers.

Quels services offrez-vous aux entreprises qui vous contactent ?

Pour toute entreprise qui veut installer une filiale à Toulouse, nous allons déployer nos services d'accueil, les aider dans le recrutement, à trouver des locaux, éventuellement à trouver un logement pour leurs salariés et les mettre en relation avec des partenaires. L'agence est financée par la CCI et Toulouse Métropole. Ce sont les premiers partenaires qui nous apportent des entreprises. Nous assistons également à tous les événements French Tech pour que Toulouse soit toujours présente. Nous sommes actuellement présent au Mobile World Congress à Barcelone. Nous prenons des rendez-vous à l'intérieur du salon et avec des entreprises en phase de développement aux alentours. Dernièrement, nous avons mené une mission digital où nous avions 14 rendez-vous sur 4 jours.

Quand vous voyez que les entreprises sont intéressées, vous organisez des visites à Toulouse ?

Oui, nous organisons des visites sur une ou deux journées. Nous les prenons totalement en charge en termes de logistique. Nous allons les chercher à l'aéroport, nous les amenons visiter des entreprises qui pourraient être des clientes, des fournisseurs pour eux. Nous leur montrons des centres de recherche et puis nous faisons toujours visiter un pôle de compétitivité pour avoir une vision globale de l'écosystème. Si nous sommes dans une phase plus avancée, nous pouvons leur montrer quelques bâtiments pour leur donner envie et une idée des prix. Parce que, souvent, les Américains ne nous croient pas quand on leur donnent les tarifs de l'immobilier.

Le président d'Invest in Toulouse, Jean-Claude Dardelet, souhaite développer un réseau de citoyens ambassadeurs de Toulouse à l'étranger. Où en est ce projet ?

Nous travaillons actuellement avec les anciens élèves de TBS et, à chacun de nos déplacements, nous allons voir toujours un alumni de TBS. Nous leur laissons l'outil marketing et vu qu'ils sont bien impliqués dans la vie économique de la ville et qu'ils ont le cœur toulousain, ils sont très réceptifs. Nous leur demandons juste d'avoir les oreilles bien ouvertes et, si jamais ils entendent parler d'une entreprise, ils peuvent nous contacter. Nous voulons nouer des partenariats avec d'autres écoles.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.