Pénurie d'essence : l'inquiétude d'une cheffe d'entreprise du secteur des transports

À la tête de Jimenez FVA, une société de transport basée en Haute-Garonne, Valérie Jimenez compte 480 salariés et 800 camions, remorques et semi-remorques. La mobilisation contre la loi Travail et particulièrement le blocage de certaines raffineries a un impact direct sur son activité : avec deux jours de réserve de carburant dans ses cuves, elle a pu assurer son activité jusqu'à aujourd'hui. Mais, si la pénurie d'essence perdure, ses camions seront en panne sèche. Témoignage.
Valérie Jimenez, présidente de Jimenez FVA, une société de transport basée en Haute-Garonne
Valérie Jimenez, présidente de Jimenez FVA, une société de transport basée en Haute-Garonne (Crédits : rémi Benoit)

"Il y a pénurie de carburant. C'est clair. Nous avons anticipé la semaine dernière en remplissant nos cuves vendredi soir, mais nous devons habituellement le faire tous les deux jours. Aller dans certains endroits est compliqué. Nous cherchons du carburant selon les régions où nos conducteurs se rendent et, selon les lieux, c'est plus ou moins complexe. Nous transvasons le gasoil de camion en camion en fonction des besoins.

Il faut jongler et cela demande beaucoup d'énergie à nos exploitants et conducteurs. Ceux-ci remplissent leurs réservoirs dans les stations essence qu'ils savent approvisionnées en réglant avec leurs cartes bancaires des pleins de 600 litres. Cela fait des sommes ! Nous les leur remboursons le plus vite possible, mais cela nous fait des frais supplémentaires. Tout cela nous demande beaucoup de temps. Toute notre organisation est en ébullition.

Nous avons assuré nos activités jusqu'à ce jeudi. Pour vendredi, ça ira. La semaine prochaine, en revanche, je ne sais pas comment on fera si cela continue. Il nous reste encore un peu d'essence dans les cuves mais nos fournisseurs ne passent plus. Ils vont chercher du carburant dans les raffineries qui ne sont pas en grève, mais nous ne sommes pas les seuls à en avoir besoin.

Et puis, il y a nos salariés. Ceux qui habitent près de l'entreprise peuvent venir, mais les autres ? La semaine prochaine, je ne sais pas s'ils pourront venir travailler.

L'impact économique est difficile à évaluer. C'est un peu prématuré. Si cela dure, des camions ne partiront pas. C'est une angoisse car nous ne pouvons pas nous permettre des journées sans travail. Néanmoins, nous avons de l'argent de côté, donc nous nous en sortirons financièrement. Ce n'est pas le cas des plus petites entreprises.

Nous sommes évidemment en contact avec les institutions publiques et professionnelles, mais nous n'avons pas d'information.

Tout cela dépasse l'entendement. La loi El Khomri n'a plus de sens. Il faudrait que les égos soient mis de côté et tout remis à plat."

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