Industrie du futur : que faut-il retenir du salon Siane ? Reportage

Objets connectés, robots, fabrication additive : de nouvelles technologies intègrent peu à peu les usines, notamment dans l'aéronautique. Un concentré de ces innovations est présenté au salon Siane, qui se déroule jusqu'au 22 octobre à Toulouse. Au cœur du débat, une question : comment produirons-nous demain ? Reportage.
Stand "industrie du futur" au salon Siane

17 000 m2 d'espace d'exposition. Des entreprises par centaines rangées par allées, 600 tonnes de machines-outils gigantesques et des petits robots qui sillonnent les 3 halls à la façon d'hôtes(ses) d'accueil : pas de doute, nous sommes au salon de l'industrie. Siane se déroule jusqu'au 22 octobre au Parc des expositions de Toulouse et, cette année, le focus est mis sur "l'industrie du futur".

Industrie du futur ?

Plus qu'un vague concept, l'industrie du futur fait l'objet d'un appel à projet du gouvernement doté de 100 millions d'euros à destination des PME françaises. Objectif : rattraper le retard de la France en matière de modernisation de ses usines. Loin devant, l'Allemagne a une avance considérable, notamment en matière de robotisation. C'est d'ailleurs Outre-Rhin qu'est né le programme "Industrie 4.0", basé sur l'IoT et la robotisation des usines.

Industrie 4.0 ? Cette appellation futuriste ne signifie rien de moins que "4e révolution industrielle". Pour rappel, les trois premières sont l'essor de la métallurgie, l'essor de l'électricité et l'essor d'internet.

Présent sur le salon Siane, Franck Mercier, membre de la toute récente "Alliance pour l'industrie du futur" et chargé de l'usine digitale chez Siemens, insiste : l'industrie du futur, ce n'est pas que pour les grands groupes.

"L'industrie du futur est une question de vision. Il s'agit de savoir à quoi va ressembler son entreprise d'ici à 2020, quelle que soit sa taille. Il faut être visionnaire. D'ici à 2020, on peut imaginer que les clients voudront non seulement une machine, mais aussi un service complet et du conseil sur mesure et immédiat. Personne ne voudra attendre une semaine qu'un spécialiste se déplace pour assurer la maintenance. Cela passe par la connectivité de la machine, autrement dit, l'internet des objets."

Les objets connectés au service des opérateurs

Qu'il s'agisse d'Adveez, Intesens ou Ubleam, les startups toulousaines ont bien saisi l'opportunité, et ne se contentent pas de développer l'internet des objets dans notre vie quotidienne. "L'IoT a toute sa place dans les usines et y trouve de multiples fonctions", explique Olivier Mezzarobba, cofondateur de Ubleam. Objectif : faciliter la vie des opérateurs et, donc, gagner en efficacité. C'est ce que propose Intesens avec la SNCF,  en posant des capteurs sur les machines, afin de faciliter leur maintenance et réduire le stress des opérateurs. Mais c'est également la mission de Ubleam, qui, grâce à la réalité augmentée, digitalise et facilite l'accès à la documentation.

À terme, l'utilisation de l'IoT dans les usines servira aussi à collecter des données et à les utiliser, à des fins de productivité ou de management.

"L'IoT est une formidable opportunité pour ramener les jeunes vers l'industrie", estiment les acteurs du secteur, réunis lors d'une table ronde.

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Plusieurs conférences ont attiré des centaines de personnes pour parler industrie du futur, mardi 19 octobre au salon Siane. Parmi elles, beaucoup de jeunes et de patrons de PME. © photo Rémi Benoit

"Un robot n'est pas gentil, il est programmé"

siane robot

Actuellement, les robots fonctionnent dans des cages en verre, pour plus de sécurité © photo Rémi Benoit

La société de Grenoble GT Robotique présente sur le salon un robot Epson de haute précision, qui repère, trie et range des pièces de quelques millimètres de surface seulement (photo ci-dessus).

Selon l'expert Christian Verbrugge (de la société de robotique Kuka France), il est possible de faire sortir les robots de leur "cage" de verre, mais à condition qu'ils ne soient pas dangereux pour l'homme. Ainsi sont développées des applications "collaboratives" qui permettent aux robots et aux hommes de travailler côte à côte. "Par exemple, quand on touche le robot ou qu'il entre en contact avec un humain, le robot s'arrête, de telle sorte qu'il ne peut pas blesser la personne." Pour ce spécialiste, il faut mettre fin au fantasme du "cobot", le robot collaboratif :

"Le robot n'est pas collaboratif. Il n'est pas gentil. Il est simplement programmé par l'homme. S'il est mal programmé et qu'il se retrouve avec un couteau dans la main, il ne sera pas gentil."

L'impression 3D dans l'usine

De l'avis de tous, l'impression 3D ne remplacera pas l'usinage de pièces  © photo Rémi Benoit

Très à la mode, l'impression 3D est représentée sur Siane, notamment par la société de Labège 3D Synergie, qui vend plusieurs types d'imprimantes 3D, ainsi que des accessoires et différents types de filaments (la bobine noire dans la photo ci-dessus).

Dans l'impression 3D, une technique se distingue particulièrement dans l'industrie : la fabrication additive ou ALM (qui consiste à fabriquer des objets en superposant des couches de poudre). Plusieurs sociétés toulousaines ont de l'avance sur ce créneau, comme Fusia ou Prismadd, qui ont investi dans le matériel et la formation, convaincues que l'ALM fera une entrée remarquée dans les usines françaises. Néanmoins, chez Airbus (principal donneur d'ordre aéronautique de la région), la prudence est de mise.

"Il y a énormément de marketing autour de cette technologie et il est clair que l'ALM ne remplacera pas l'usinage classique. Il y a une réflexion en cours pour déterminer comment utiliser cette technologie chez Airbus. Il faut y aller progressivement", indique Jérôme Rascol, responsable de la plateforme ALM d'Airbus.

La fin de l'homme dans l'usine ?

Qu'il s'agisse de la 3D, de l'IoT ou de l'ALM, les industriels se veulent rassurant quand, inlassablement, la question revient : "les robots vont-ils remplacer les hommes dans les usines ?"

"L'usine du futur, au contraire, remet l'homme au cœur de l'usine, répond Jérémie Pedros, gérant de la société de robotique Actemium. L'usine 4.0 permet une véritable collaboration entre hommes et machines, et il n'est pas question de remplacer les hommes. Une part du travail ne sera jamais automatisable."

"Aujourd'hui, la question n'est pas là, tranche Franck Mercier. La question est de savoir si on veut sauver nos usines françaises en les modernisant ou si l'on veut délocaliser à l'étranger."

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