Avec ou sans Idex, l'Université de Toulouse changera de visage

Les établissements de l'Université de Toulouse examinent à partir de ce soir le nouveau projet de gouvernance de l'Université de Toulouse. Celui-ci devrait être présenté officiellement au jury de l'Idex début février. Philippe Raimbault, le président de l'Université de Toulouse, livre le détail de ce projet qui pourrait redessiner le visage de l'université toulousaine. Entretien.
Philippe Raimbault, président de l'université de Toulouse.

Où en est le dossier Idex de l'Université de Toulouse ?

Nous soumettons une version stabilisée à partir d'aujourd'hui aux conseils d'administrations des universités. C'est un projet ambitieux. Il tient compte d'un certain nombre de contraintes liées au souhait de certains établissements de ne pas aller vers une intégration trop poussée.

Comment se présente cette nouvelle organisation ?

C'est une structuration en deux cercles. Le premier comprend les universités Jean-Jaurès et Paul-Sabatier, ainsi que l'Insa et l'INP. Le deuxième englobe l'Université Toulouse-Capitole, l'Isae, l'Enac et l'ENVT (école de vétérinaires).

Les deux cercles vont partager un socle commun de compétences concernant la diplomation des masters, le tutorat, la signature unique des publications scientifiques et l'élaboration d'une stratégie commune. Le premier cercle mettra en commun les dotations de l'État et les ressources humaines. De plus, les universités Jean-Jaurès et Paul-Sabatier vont perdre leur personnalité juridique. Ce n'est pas une fusion en tant que telle car chacune deviendra un collège de l'Université de Toulouse. Elles vont conserver un conseil académique pour gérer auprès des étudiants un certain nombre de choses. Les centraliser en une université fusionnée n'apporterait rien de plus. Nous estimons que la fusion n'aurait pas permis d'intégrer l'Insa et l'INP qui ont des modalités de gouvernance différentes.

En quoi ce projet est-il ambitieux ?

Nous franchissons de nouvelles étapes. La diplomation commune n'existait pas. Nous allons définir une stratégie commune et non réunir des stratégies individuelles. Admettre que deux universités vont perdre leur personnalité juridique, c'est un pas important. Nous allons plus loin que ce qui était imaginé il y a six mois.

D'autres sites ont peut-être davantage fait bouger les lignes, mais notre projet est ambitieux par rapport à la complexité de notre site. Il y a beaucoup d'écoles d'ingénieurs. Certaines ne relèvent pas du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche (mais de la Défense, comme l'Isae-Supaero, NDLR). Il y a aussi de nombreux organismes de recherche.

Pourquoi l'Université Toulouse-Capitole se place-t-elle dans le deuxième cercle ?

Elle préfère être prudente. Elle craint la fusion et la perte de contrôle de ses finances. Elle a besoin de voir notre modèle de gouvernance faire ses preuves. Mais elle reste dans l'aventure et la porte reste ouverte si elle décide un jour de devenir membre du premier cercle.

La distribution des dotations de l'État va-t-elle changer au sein du premier cercle ?

Dans un premier temps, pas beaucoup. Nulle part en France on a vu des changements de dotations brutaux. Elles vont s'appuyer sur les modèles du ministère. Au fur et à mesure, nous essaierons de construire des choses permettant de compenser les différentiels et de mettre l'accent sur certaines disciplines en fonction des enjeux.

Quelle sera place des organismes de recherche ?

Le CNRS, l'Inra, etc... ne peuvent pas s'intégrer car ils ont une politique nationale. Mais ils vont travailler avec les membres du premier cercle et contribuer à la stratégie scientifique. Ils vont apporter des moyens financier et RH au premier cercle. Leur place sera reconnue dans la gouvernance de l'Université.

Que deviennent les établissements tels que TBS par exemple ?

On nous a demandé de nous concentrer sur le cœur du projet. L'Université de Toulouse va reprendre la politique de site avec Champollion, l'IEP, les Mines d'Albi, Archi, TBS etc. Nous travaillons avec eux. Un partenariat sera mis en place.

Pour le moment, nous nous adressons au Commissariat général à l'investissement (CGI) et à travers lui à un jury international qui a besoin de voir un projet simple et compréhensible.

Avez-vous déjà des retours sur ce projet de la part du gouvernement et du CGI ?

Le dossier leur a été transmis pour information. Nous avons eu des échanges qui nous ont permis de corriger certaines choses. Avant tout chose, le dossier doit être validé par  les établissements de l'Université de Toulouse pour renforcer l'engagement des communautés universitaires. La Comue se prononcera finalement le 27 janvier. Le dossier sera transmis à la suite. Le CGI rendra sa décision fin février, début mars. On saura alors si on peut présenter à nouveau un dossier de financements Idex en octobre prochain.

Que se passe-t-il si le CGI refuse ?

L'Idex sera définitivement perdu. Il faudra savoir si on mène tout de même ce projet. Je pense qu'on ne restera pas dans l'état actuel des choses. Les quatre établissements du premier cercle disent tous qu'ils veulent faire ce projet. Avec l'Idex, cela sera mieux, cela ira plus vite. Je pense que les choses doivent évoluer. Des choses positives ont été faites, mais il faut augmenter la coopération.

Quelles sont les chances de Toulouse ?

Difficile à évaluer. Nous voyons bien que le site a beaucoup évolué en peu de temps. Notre révolution est importante mais sera-t-elle suffisante ? Il me semble que nous répondons à beaucoup des critiques qui nous avaient été reprochées. Le modèle mis en place ne permettait pas de mettre en place une gouvernance suffisamment intégrée dans le domaine scientifique notamment. Nous étions sur des dispositifs de coopération volontaire. On ne pouvait pas montrer qu'il y avait une impulsion de l'Université de Toulouse. On nous reprochait des organes de décisions pléthoriques : nous passons d'un conseil d'administration de 79 membres à 23. Un conseil d'orientation stratégique composé d'une douzaine de scientifiques internationaux évaluera l'Université par exemple une fois par an. Il y a je crois les éléments qui répondent aux critiques.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.