Portrait : Thomas Pesquet, l'astronaute qui garde les pieds sur terre

Le 17 novembre prochain, Thomas Pesquet deviendra le 10e Français à aller dans l'espace pour une mission de 6 mois à bord de la station spatiale internationale. Formé à l'Isae-Supaero à Toulouse, cet astronaute est animé par l'envie de partager son expérience en orbite auprès du plus grand nombre.
Thomas Pesquet au Salon du Bourget en 2015.

Jamais Thomas Pesquet n'aurait imaginé un jour aller dans l'espace. "Je raconte toujours aux jeunes que quand j'étais au lycée, j'avais un peu peur, je n'avais pas toujours confiance en moi. Cela aurait été bête de dire : 'Moi, je veux devenir astronaute'. Les chances sont tellement infimes ! Mais j'ai essayé de faire de mon mieux dans mes études, j'ai essayé de faire du parachutisme, de voyager à l'étranger...", narre celui qui s'envolera au mois de novembre pour une mission de six mois au coeur de la station spatiale internationale. L'astronaute de 38 ans deviendra le 10e Français à partir en orbite. "C'est à Toulouse que tout a commencé", assure-t-il.

Né en Normandie, Thomas Pesquet intègre, après deux ans de classe prépa, l'Isae-Supaero (en 1998) pour suivre une formation d'ingénieur aéronautique. Il y découvre l'art du pilotage. Joël Daste, responsable du dispositif ouverture sociale de l'Isae se souvient d'un élève "déjà très intéressé par le spatial, ouvert sur le monde et très impliqué dans la vie de l'école":

"Il faisait partie de beaucoup d'associations comme la fanfare de l'école (il joue du saxophone, NDLR), il pratiquait aussi le judo et le rugby. Il était l'un de nos élèves relais, quand il y avait un problème on savait qu'on pouvait s'appuyer sur lui."

Très apprécié, le futur astronaute ne se fait en revanche pas spécialement remarquer pour ses résultats scolaires. "Il était dans la moyenne des autres élèves même s'il faisait déjà preuve d'une grande motivation", relève Joël Daste.

Une fois son diplôme en poche, Thomas Pesquet intègre le Cnes avant de suivre la formation des pilotes d'Air France qui lui permet d'obtenir sa licence de pilote de ligne en 2006. Trois ans plus tard, il figure parmi les six lauréats recrutés sur 8 400 candidats par l'Esa et devient le plus jeune astronaute européen. "Il y a eu deux moments qui ont changé ma vie : ma sélection au sein de l'Esa en 2009 où j'ai appris que j'allais devenir astronaute, puis en 2014, lorsque j'ai su que j'allais partir dans l'espace deux ans plus tard. Chaque étape marque le départ d'un nouveau marathon."

Le Français n'est plus qu'à un mois de sa prochaine ligne d'arrivée. Avant d'embarquer à bord de l'ISS, il suit un entraînement intensif. Au programme : des vols paraboliques pour s'initier à la sensation d'apesanteur ("une sensation géniale qui m'a rendu hilare", glisse Thomas Pesquet), l'apprentissage du russe pour pouvoir converser à bord avec la cosmonaute moscovite, une à deux heures de sport par jour mais aussi un exercice de survie dans la neige par - 20°C. Une préparation hors norme qu'il partage dans les moindres détails sur les réseaux sociaux :

"L'Agence spatiale européenne est un service public et il est important d'expliquer aux citoyens ce que l'on fait de leur argent. Si les gens croient que l'on va se faire plaisir à partir dans l'espace et s'accrocher des médailles, ce n'est pas bon. Et puis, moi, j'aurais adoré gamin avoir Wikipédia, Twitter ou Facebook pour regarder ce qui se passe dans la station spatiale. Ça permet presque de vivre cette expérience par procuration. Je ne peux pas emmener tout le monde avec moi dans l'espace mais c'est ma manière de partager cette expérience", avance-t-il.

Dans l'espace, il emportera avec lui la montre de son frère et des présents de proches, "des souvenirs pour rappeler que ce n'est pas que [son] aventure". Thomas Pesquet a aussi à cœur de raconter son parcours aux plus jeunes. Il a accepté d'être le parrain du premier lycée de l'espace français, basé à Saint-Orens (31). Il intervient également régulièrement à la demande de l'Isae devant les élèves des quartiers prioritaires. "Thomas Pesquet est très sollicité, il n'a pas une minute à lui et, pourtant, à chaque fois, il sait se rendre disponible. C'est quelqu'un de très fidèle, de généreux et surtout d'une grande modestie", remarque le directeur adjoint de l'Isae, Jean Salanova. L'astronaute leur distille sa philosophie de vie : "Souvent, les jeunes s'autocensurent, se disent qu'ils ne vont pas y arriver.  Ça fait un peu peur de partir vers l'inconnu mais il faut le faire. Déjà, si je réussis à les convaincre de se lancer, la moitié du chemin sera accompli."

Cet éternel optimiste voit d'un œil tout aussi bienveillant l'arrivée de nouveaux acteurs comme Elon Musk dans le secteur spatial :

"En très peu de temps et avec un montant d'argent limité, le fondateur de SpaceX a réussi à développer un système de lancement d'une capsule qui peut s'arrimer sur la station spatiale et rentrer sur Terre : il s'agit d'une vraie prouesse technique."

Et quand on lui demande d'imaginer son métier dans quelques dizaines d'années, Thomas Pesquet évoque avec l'aplomb d'un visionnaire ce que pourrait être le futur du spatial : "Dans 20 ans, nous n'irons plus en orbite basse terrestre, ce sera repris par le privé. J'imagine des laboratoires spatiaux pour l'industrie pharmaceutique desservis par des véhicules SpaceX. Pendant ce temps, la Nasa et l'Esa pourront dégager du budget pour monter en coopération internationale une grande mission pour aller sur Mars. C'est raisonnablement envisageable."

En attendant de partir à la conquête de la planète rouge, l'astronaute compte se lancer de nouveaux défis à son retour de l'espace : gravir des sommets en montagne, faire des traversées en bateau... En somme, explorer inlassablement tous les recoins de la planète.

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