Pascal Descargues, la recherche dans la peau

De l'univers de la recherche à celui des startups, Pascal Descargues a fait le grand saut en créant Genoskin en 2011, une société biotech spécialisée dans la conception de modèles de peau pour les tests pharmaceutiques, cosmétiques et chimiques. Portrait d'un jeune chef d'entreprise passionné de rugby qui a appris sur le terrain le travail en équipe et le dépassement de soi.
Pascal Descargues, fondateur de la société biotech Genoskin

"Quand j'étais enfant et que je disais à ma mère que je rêvais de travailler au CNRS, elle me répondait : 'tu veux y faire quoi, là-bas ?'. Pour elle, le monde des chercheurs était totalement obscur. Ça ne ressemblait pas à un vrai métier..." Et c'est en effet loin de l'univers des biotechs qu'a grandi Pascal Descargues, fondateur de la société Genoskin, spécialisée dans le développement de modèles de peau humaine destinés aux industries pharmaceutique, cosmétique et chimique.

"J'ai passé mon enfance à la campagne, dans un village de 1 000 habitants, confie-t-il. Mon père était maçon et ma mère infirmière."

Le baccalauréat scientifique en poche, le jeune homme prend la route de Toulouse, direction l'Université Paul Sabatier, section biologie. Un cursus exigeant qui le pousse à abandonner sa passion de toujours, le rugby.

"Ça avait pourtant longtemps été une priorité pour moi, assure-t-il. On apprend beaucoup sur les terrains : travailler en équipe, se sacrifier, être vaillant..."

Des qualités qui font partie intégrante de la personnalité de Pascal Descargues, comme le confirme son ami Jacques Rouquette, actuel responsable de la plateforme d'imagerie de l'Institut des technologies avancées en sciences du vivant (Centre Pierre Potier), rencontré, justement, sur les bancs de l'université.

"Un peu comme au rugby, Pascal ne reste pas sur ses acquis et essaye toujours d'aller plus loin. C'est un battant, qui aime ce qu'il fait et qui croit en ses projets. Il est à la fois motivé et motivant."

De San Diego à Toulouse

Sa thèse, Pascal Descargues la consacrera de 2001 à 2006 au syndrome de Netherton, une maladie génétique rare de la peau. Des recherches qui lui permettront d'être publié dans la prestigieuse revue internationale Nature Genetics. "C'est à cette époque que j'ai compris que j'étais attiré par la valorisation de la recherche, remarque-t-il. Les biotechs commençaient à émerger." Mais avant de se lancer dans le grand bain de l'entrepreneuriat, le jeune homme décide de réaliser son post-doctorat aux États-Unis, au sein de l'Université de San Diego en 2006.

"C'était un véritable cluster en biotechnologies !, s'enthousiasme-t-il. Je travaillais dans un laboratoire de 25 personnes venues de seize pays différents. Pour moi, l'expérience a été formidable."

Deux ans plus tard, Pascal Descargues, animé par le mal du pays, décide cependant de rentrer en France trois ans plus tard. "J'avais envie de créer ma propre société, explique-t-il. Et je souhaitais me consacrer au développement de modèles de peau. Au cours de mes recherches, j'avais eu l'occasion de travailler avec des animaux, et c'était pour moi éthiquement compliqué..." Imaginer l'utilisation de modèles de peau humains, issus de la chirurgie plastique, comme une alternative à l'expérimentation animale, relevait pour lui de l'évidence. Restait à passer du statut de chercheur à celui de chef d'entreprise.

"À l'époque, tout le monde me déconseillait de monter ma boîte", sourit-il.

"Il est impliqué, passionné et opiniâtre"

C'était sans compter sur la pugnacité du jeune homme, qui suivra des cours de management à Toulouse Business School (TBS) avant d'endosser les habits de startuppeur. C'est à cette époque qu'il rencontre Guillaume Costecalde, président de la société toulousaine Univercell-Biosolutions (et par ailleurs au capital de Genoskin).

"Nous avons intégré l'Incubateur Midi-Pyrénées la même année, en 2009, explique ce dernier. Pascal est ingénieux et pragmatique. À mon sens, il fait partie des 10 % de chercheurs qui ont les capacités de monter leur entreprise. Il est impliqué, passionné et opiniâtre. C'est un excellent manageur qui a le sens de l'écoute et du rassemblement."

Le fondateur de Genoskin confirme "être très exigeant mais ne jamais élever la voix". Son credo : "m'entourer de gens meilleurs que moi". Aujourd'hui, ses rêves d'enfants sont devenus réalité. L'homme est à la tête d'une startup prometteuse, qui compte six salariés et qui vise les 400 000 euros de chiffre d'affaires (dont 80 % à l'international) et le point d'équilibre financier cette année. Sa mère, bien sûr, est fière de son parcours. "Même si elle ne comprend toujours pas vraiment ce que je fais, sourit-il. Vendre des bouts de peau, ça reste assez bizarre..."

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