Nicolas Doucerain au FailCon Toulouse, le récit d'un échec gagnant

Premier à ouvrir le bal du FailCon, ce jeudi 18 juin à Toulouse, Nicolas Doucerain a partagé son expérience devant 240 personnes avides d'apprendre de ses échecs. Créateur du cabinet de recrutement Solic en 1996, Nicolas Doucerain a connu la plus grande réussite et la plus grande chute, avant de rebondir. Une histoire d'entrepreneur passionnante.

"Parler devant 240 losers, ça valait vraiment le coup de descendre de Paris." Face au public du deuxième FailCon organisé par Ekito à La Grainerie à Toulouse, Nicolas Doucerain a l'aisance du chroniqueur de BFM qu'il est devenu aujourd'hui. Une activité parmi d'autres.

Son histoire d'entrepreneur débute à 11 ans, lorsqu'il décide de vendre des petits-déjeuners dans son quartier les samedis matins. "J'ai la chance de ne dormir que de minuit à 5h du matin, explique Nicolas Doucerain. Il fallait que je m'occupe quand la maisonnée dormait." Sa première petite entreprise fonctionne à merveille et compte en quelques années près de 600 clients dans 6 villages de son Île-de-France natale.

À 16 ans, parce que "l'Éducation nationale ne voulait pas de moi", Nicolas Doucerain la quitte sans remord. Son père lui donne 6 mois pour trouver un travail. Il convainc un concessionnaire Rover de l'embaucher comme vendeur automobile. "L'annonce demandait un vendeur expérimenté. J'ai proposé de travailler gratuitement 3 mois. Mon audace a convaincu et j'ai été pris en contrat de qualification." Un bon choix pour le concessionnaire. Un an et demi plus tard, le président de Rover lui-même remet à Nicolas Doucerain le diplôme de meilleur vendeur de France.

L'ascension et la chute de Solic

En 1996, Nicolas Doucerain se lance dans une nouvelle aventure et crée un cabinet de recrutement informatique. "J'ai observé la concurrence et, avec un peu d'audace, nous avons fait 40 % de croissance chaque année." Solic se développe à Paris, Lyon, Lille, Nantes et à l'international. Tout va bien. En juin 2008, l'entreprise compte 92 consultants et prévoit un plan de développement sur 3 ans. "Nous avions des rêves", avoue Nicolas Doucerain.

Des rêves qui s'écroulent le 15 septembre 2008 avec la faillite de la banque Lehman Brothers, qui précipite le monde dans une crise bancaire de premier ordre et Solic "dans un gouffre". "Il y a des dates qui marquent, se souvient Nicolas Doucerain. Celle-ci m'a fait perdre 45 % du chiffre d'affaires. Après 10 années de développement, la chute est extrêmement violente."

Chaque mois, Solic perd 450 000 euros. Des mesures drastiques s'imposent. "J'ai baissé ma rémunération de 60 %, nous avons supprimé les voitures de services et diminué les effectifs." Las, dans la "déferlante", Nicolas Doucerain perd plus de 2 millions d'euros et n'a d'autres choix que celui de déposer le bilan.

Après le sentiment d'échec, la culpabilité et les problèmes d'égo, une lueur d'espoir. "Mon avocat m'a dit que seules 2 % des entreprises en dépôt de bilan s'en sortaient. J'ai décidé que nous serions dans le lot." Un pari fou réussi en 6 mois. "Quand nous sommes retournés devant le tribunal de commerce de Nanterre, le président m'a dit qu'il n'avait jamais vu ça", sourit Nicolas Doucerain aujourd'hui. De cette expérience spectaculaire, Nicolas Doucerain a fait un livre Ma petite entreprise a connu la crise avec Florent Papin, un de ces collaborateurs, et s'est depuis tourné vers le conseil en gestion de crise.

Exemplarité et transparence

"Être entrepreneur, c'est finir par réussir à force de ne jamais abandonner, analyse-t-il aujourd'hui. Il faut de l'exemplarité et de la transparence. On me disait de cacher la situation à mes fournisseurs pour ne pas les affoler. J'ai fait exactement l'inverse. J'ai prévenu tout le monde, clients, fournisseurs et employés pour leur expliquer pourquoi je déposais le bilan. J'ai créé un climat de confiance." Et un deal gagnant-gagnant avec ses créanciers pour qu'ils le soutiennent jusqu'au remboursement complet de la dette de sa société.

De cette expérience, Nicolas Doucerain tire un enseignement, tout simple, qu'on a tous expérimenté et oublié finalement : "Avant de savoir marcher, on s'est tous cassé la figure plusieurs fois. Ensuite, personne ne demande à quel mois on a réussi pour la première fois."

Un témoignage qui a parfaitement lancé la deuxième édition du FailCon Toulouse, lors de laquelle de nombreux entrepreneurs ou dirigeants sont venus parler de leurs échecs.

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