L'importance de l'écosystème dans la réussite des startups

Cédric Giorgi est cofondateur de la French Touch Conference de New York et directeur des projets spéciaux chez Sigfox. Pour lui il n'est pas possible de recréer une Silicon Valley, mais un écosystème bienveillant peut être précieux pour une startup. Entretien.
Entretien avec Cédric Giorgi, directeur des projets spéciaux chez Sigfox.

Quelle est l'importance de l'écosystème dans le développement des startups ?

L'écosystème ne fait pas le succès d'une startup mais il est clair que l'environnement peut amplifier le démarrage ou la croissance d'une jeune entreprise.

Personne ne peut devenir une deuxième Silicon Valley. La typologie d'acteurs, la facilité de rencontrer les leaders de l'industrie de l'internet et l'état d'esprit y sont uniques. La question n'est pas de créer une deuxième Silicon Valley, c'est plutôt de savoir comment un écosystème peut travailler sur ses forces. En France nous pouvons nous aussi développer des écosystèmes vertueux.

Quels sont les ingrédients essentiels ?

Il faut développer la collaboration et le partage d'informations, la fluidité du marché et aussi la culture de "pay-it- forward". Comme dans la Silicon Valley, il ne faut pas hésiter à accorder de l'attention et du temps à un jeune entrepreneur sans rien en attendre en retour. Qui sait s'il ne va pas devenir dans quelques mois le prochain champion et mon prochain employeur... Moins d'indifférence, plus de bienveillance ! Peu à peu, il faut voir aussi que les écosystèmes se spécialisent et qu'ils profitent de la proximité des grands groupes.

Comment un startupper doit-il choisir son accélérateur ou incubateur ?

Il faut répondre à la question : quel est le niveau de conseil dont le startupper peut disposer au sein de son écosystème ? Il faut rejoindre l'environnement qui va fournir le plus de mentors qui ont un parcours et l'expérience du secteur, qui ont de bonnes relations avec l'écosystème et qui accompagnent les startuppers. L'ambition est un virus qui se partage. Plus on est entouré de gens ambitieux plus on va être ambitieux soi-même. Il faut pousser les startups toulousaines à avoir un maximum d'ambition et regarder très vite à l'international tout en étant solide sur des bases régionales. Il faut oser avoir l'audace de penser qu'on va révolutionner le monde.

Dans la compétition mondiale en cours, quelles sont les chances de Toulouse d'attirer les startups ?

Il faut à la fois être humbles et conscients de la force de nos écosystèmes régionaux et français. Les compétences et le niveau de formation sont un atout.

Dans le domaine des objets connectés, la France peut compter sur de fortes compétences dans les systèmes embarqués, le design d'objets, l'électronique, la mécanique et l'informatique. Ce n'est pas le cas dans la Silicon Valley qui s'est tellement concentrée sur le software qu'elle a asséché l'écosystème. À nous d'en profiter. Aujourd'hui la France est particulièrement reconnue dans les domaines IoT, food, fashion, sharing economy, adtech.

Quel regard portez-vous sur l'écosystème toulousain après 8 ans passés à Paris ?

J'ai découvert un écosystème extrêmement éclaté avec des acteurs qui ont du mal à se parler. Il faut que les barons de l'écosystème comprennent qu'il est normal que de nouvelles initiatives se lancent sans qu'il y ait besoin de demander une autorisation à qui que ce soit. Ceux qui décident de s'investir dans l'écosystème doivent aussi être bienveillants et il faut amplifier les nouvelles initiatives portées par exemple par le Connected Camp, At Home, etc.

Toulouse peut-elle attirer davantage de startups ?

Il faut faire en sorte que les toulousains lancent plus de startups. Les écoles d'ingénieurs se sont tardivement intéressées au sujet et ont du mal à être connectées avec l'univers des startups. Autres points forts sur lequel il faut vraiment beaucoup plus capitaliser : le mentoring et la connexion avec Airbus qui peut vraiment amplifier l'écosystème. Enfin il faut attirer de nouvelles startups à Toulouse et il faut traiter le problèmes des infrastructures de transport : on a perdu beaucoup de temps en raison de l'absence de LGV et on attend que soit résolue la question du métro à Labège. Enfin, il manque à Toulouse un bâtiment totem ou un événement qui porte l'attention sur la ville comme l'ont été Le Web à Paris et Web2day à Nantes.

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