Clémence Brachotte, présidente de Mapaero, marche dans les pas de son père

Clémence Brachotte, 29 ans, est la nouvelle figure de Mapaero. La PME qui fabrique des peintures à l'eau pour l'aéronautique a été fondée par son père en 1992. Elle en est la nouvelle présidente depuis février 2015. Simple héritage ? Pas seulement. Cette personnalité pétillante a étudié en Belgique, vécu en Amérique Latine et en Inde, travaillé dans le luxe, puis dans l'humanitaire avant de rentrer à Pamiers pour reprendre le flambeau de l'industrie familiale. Rencontre.
Clémence Brachotte, présidente de Mapaéro

Clémence Brachotte a la fraîcheur des débutants. "Vous souhaitez faire mon portrait ? Ça me touche beaucoup !" Derrière une apparence très classique de jeune femme de bonne famille se cache un tempérament bien trempé. Celle qui a grandi à Toulouse et fréquenté les établissements chics de la ville s'envole, dès son bac en poche, pour Sciences Po et l'Université catholique de Louvain. "Ma mère est Belge et c'est une tradition dans la famille, tout le monde fait ses études en Belgique", confie-t-elle. Mais plus attirée par les univers de la mode et du luxe que par celui de la politique, Clémence Brachotte choisit de se spécialiser dans la communication et met le cap sur l'Amérique latine. Son premier job, aux antipodes de l'industrie aéronautique, consistera à organiser des Fashion Weeks en Argentine et en Uruguay !

Entre luxe et humanitaire

Finalement, les paillettes et la mode ne lui suffisent pas. Son envie à elle, c'est d'être proche des gens. Après l'Amérique du Sud, ce sera donc l'Inde pendant six mois où, investie dans une mission humanitaire, Clémence Brachotte fait la classe à des enfants. Avant de rentrer finalement à Bruxelles.

"J'ai travaillé pendant deux ans dans une agence de communication et d'événementiel dans le secteur du luxe, jusqu'au jour où mon père m'a proposé d'élargir mon champs de compétences en rejoignant l'entreprise. C'était en 2013. J'ai accepté."

À Pamiers, au siège social de l'entreprise Mapaero, l'arrivée de Clémence Brachotte est une surprise pour les employés, qui ne l'avaient jamais croisée auparavant.

"Pour moi, c'était un personnage un peu irréel que je pensais à l'autre bout du monde", se souvient Marie-Eve Roux, qui l'a vue débouler un matin au bras de son père. "À l'époque, j'étais à l'accueil, et je me suis dit : 'bon, je vais devoir travailler avec la fille du PDG...'"

Car c'est bien à l'accueil, aux côtés de Marie-Eve Roux, que Clémence Brachotte fait ses premiers pas chez Mapaero.

Pendant un an, son père lui concocte en effet un parcours façon Vis ma vie, qui la fera passer par tous les services de l'entreprise, du standard à la facturation, puis à la production... jusqu'à la création du service marketing et communication qu'il lui confiera au bout d'un an.

"Il était indispensable qu'elle passe d'abord par tous les postes pour comprendre les rouages du secteur et établir le contact avec les clients et fournisseurs", justifie Jean-François Brachotte.

Aux côtés de la fille du patron, Marie-Eve Roux découvre rapidement une personne attachante. "Quand on ne la connaît pas, sa personnalité très spontanée peut déstabiliser, mais en réalité, j'ai découvert quelqu'un de très à l'écoute, avec beaucoup d'humanité et qui a surtout la capacité à se remettre en question", décrit-elle.

Rajeunir l'image de l'entreprise

Celle qui, depuis, est devenue présidente directrice générale de Mapaero et dirige l'entreprise en tandem avec Éric Rumeau, le directeur général, se souvient de cette année comme n'étant pas la plus heureuse de sa vie. "Je me suis challengée, je me suis dit : 'je peux y arriver'. Cela a été très formateur mais pas toujours simple. Et puis, petit à petit, j'ai senti une vraie bienveillance à mon égard", reconnaît-elle.

"Clémence est arrivée avec beaucoup d'humilité. Elle est jeune et ne connaît pas encore bien l'univers de l'industrie. Elle a un tempérament créatif et s'appuie sur les équipes pour les questions techniques", résume aussi Éric Rumeau.

Au sein de la PME, les premières missions confiées à Clémence Brachotte ont été de créer un service marketing, refondre le site internet et moderniser l'image de l'entreprise.

"Éric manage et, moi, je me concentre sur les activités en lien avec la communication. Sur les salons, j'habille le stand. J'ai aussi aménagé un showroom au siège, avec un mur de couleurs qui symbolise notre activité et est une vraie vitrine pour nos clients", énumère-t-elle.

Poursuivre l'œuvre de son père

Mais la nouvelle PDG du groupe a décidé de s'armer pour "acquérir les outils de pilotage" en faisant un MBA dès l'année prochaine. L'objectif étant de poursuivre la croissance continue du groupe (de l'ordre de 15 % par an), qui a enregistré un chiffre d'affaires de 24,1 millions d'euros en 2015. Parmi les projets phare, il y a l'ouverture imminente d'un site de production à Seattle et la poursuite de lourds investissements en R&D, à hauteur de 2 millions d'euros par an.

"Mon père s'est battu pour cette entreprise, et aujourd'hui je veux lui rendre hommage. Il n'est pas question que j'abandonne !"

Consciente que les affaires se font aussi en réseau, Clémence Brachotte compte bien se faire un nom très vite dans le microcosme toulousain.

"J'ai essayé de rentrer dans un réseau d'entrepreneurs. Je voulais voir comment les choses se passent quand on n'est pas introduit, mais pour l'instant, je n'ai reçu aucune réponse", s'étonne-t-elle.

Celle qui a choisi de vivre à Toulouse a aussi repris le chemin des Beaux-Arts, où elle prend des cours de dessin, "pour s'évader".

"Et puis je vais aussi de temps en temps assister aux Fashion Weeks à titre personnel. Je ne suis pas qu'une chef d'entreprise de l'industrie." On ne se refait pas.

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