Les 40 qui font Toulouse (7/7) : les "facilitateurs"

Ce sont les personnalités les plus influentes de Toulouse. Chefs d'entreprise, élus, chercheurs, décideurs ou entrepreneurs, ils marquent de leur action la vie économique de Toulouse. Ils sont réunis dans un trombinoscope inédit par La Tribune Toulouse. Septième et dernier volet : les "facilitateurs".
Corinne d'Agrain, Laurent de Calbiac, Alain Di Crescenzo, Pascal mailhos, Nadia Pellefigue, Philippe Robardey

Pascal Mailhos, préfet de Haute-Garonne et préfet de Région Occitanie

©photo Rémi Benoit

Nommé à Toulouse à l'été 2014, en provenance de la préfecture de Bourgogne, le préfet de Haute-Garonne et désormais préfet d'Occitanie a rapidement imposé son style. Cet Albigeois de 58 ans, passionné d'histoire et de patrimoine, avait, dès sa prise de fonction, fait de l'emploi une de ses priorités. Il affirmait vouloir rester "attentif aux dispositifs comme les emplois aidés et les emplois d'avenir, ainsi qu'au pacte de  responsabilité". Diplômé de Sciences Po Paris et de l'Ena, Pascal Mailhos est un pur produit du corps préfectoral qui a occupé de nombreuses fonctions au sein des services de l'État. Il a par ailleurs été directeur des renseignements généraux de 2004 à 2006 et directeur de la modernisation et de l'administration territoriale au secrétariat général du ministère de l'Intérieur. "L'engagement républicain de mon père et de ma mère m'a structuré tant dans ma carrière professionnelle que dans ma vie d'homme", assure-t-il. En 2015, il a été décoré de la Légion d'honneur en même temps que sa mère Line.

Un homme de terrain

Attaché à un État "de proximité, modeste et réactif" et convaincu que "les problèmes
ne se règlent pas tous à Toulouse", Pascal Mailhos se déplace régulièrement sur le terrain, alternant entre la Haute-Garonne et les autres départements de la région, pour être au contact "des agriculteurs, des chefs d'entreprise, des artisans et des élus". À Toulouse, il a mis en place, en 2015, les Rencontres de la Fraternité pour valoriser les dispositifs de parrainage, de tutorat et d'accompagnement dans les domaines de l'éducation et de l'emploi. Pascal Mailhos a également fait de la sécurité l'une des priorités de son action, prônant "la prévention autant que la répression". Avec la menace terroriste, le dossier Sivens et l'Euro 2016, le préfet a eu largement à s'employer depuis son arrivée à Toulouse.

Preuve de son implication dans l'économie locale et dans le rayonnement de la Ville rose, Pascal Mailhos tente de maintenir Sigfox à Toulouse en organisant en septembre  dernier une réunion avec son PDG, Ludovic Le Moan, et les élus Carole Delga (Région), Jean-Luc Moudenc (Toulouse  Métropole) et Jacques Oberti (Sicoval). Le préfet a également apporté le soutien de l'État à l'Université de Toulouse dans sa volonté de regagner l'Idex. Ainsi, pour son président Philippe Raimbault, "Pascal Mailhos suit de très près les négociations de l'Idex, car le dossier concerne l'université et l'ensemble du tissu économique toulousain". Alors qu'il pilote le comité de suivi, il se montre très clair : "La reconquête est indispensable pour permettre à Toulouse et à la région de tenir leur rang. Ensemble nous réussirons, séparément, nous échouerons. Il est inconcevable que la région ne fasse plus partie des trois premières régions de France en matière d'enseignement supérieur (avec l'Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes)."

Alain Di Crescenzo, président de la CCI Occitanie
et président de IGE+XAO

©photo Rémi Benoit

En quelques années, Alain Di Crescenzo s'est imposé comme une personnalité incontournable de l'économie toulousaine. Depuis 2011, le président de la CCI Toulouse 31 a impulsé une dynamique nouvelle à la chambre consulaire. La CCI a étendu son champ d'action avec la création de plusieurs rendez-vous économiques : le Forum économique, le Forum de l'industrie ou Serviciz. À l'origine de ces événements, le Marseillais Alain Di Crescenzo, qui a également poussé la CCI à racheter 40 % de la marque Siane et 25 % du Toulouse Space Show. Charismatique et pourtant méconnu du grand public, Alain Di Crescenzo a également ouvert la chambre de commerce en allant à la rencontre des entreprises et des commerces sur le terrain. Avec plus de 60 déplacements par mois, le président de la CCI Toulouse 31 connaît parfaitement l'écosystème haut-garonnais qu'il a su fédérer, fidèle à son principe de "chasser en meute". Il s'est également impliqué sur de nombreux dossiers stratégiques, comme le métro ou l'aéroport de Toulouse. Par ailleurs président de la société informatique IGE+XAO, Alain Di Crescenzo, qui fête ses 55 ans en ce mois de janvier, a été réélu sans difficulté à la tête de la chambre départementale, mais devra quitter son poste après son élection à la présidence de la CCI d'Occitanie. Pour Didier Gardinal, ancien président de la chambre de Midi-Pyrénées, "il incarne la CCI de demain, une CCI en mouvement qui favorise la parité. Son agilité d'entrepreneur exportateur nous sera indispensable." Il va devoir gérer la fusion des deux entités et donner toute sa place à la CCI Occitanie malgré la baisse des dotations de l'État.

Philippe Robardey, coprésident du Medef Occitanie

©photo Rémi Benoit

Diplômé de l'École supérieure de gestion de Paris, né dans une famille d'entrepreneurs, Philippe Robardey a voulu "devenir chef d'entreprise dès l'âge de 10 ans", précise-t-il. PDG du groupe d'ingénierie aéronautique et spatiale Sogeclair, il dirige aujourd'hui plus de 1 400 collaborateurs dans le monde et Sogeclair a enregistré un chiffre d'affaires de 127,8 millions d'euros en 2015. Il s'engage très tôt au service des entreprises en devenant président du CJD Toulouse à la fin des années 1980. Un engagement qu'il met entre parenthèses pendant une dizaine d'années pour se consacrer au développement de sa société. Après deux mandats et six années passées à la tête du Medef 31 entre 2008 et 2014 où il a souhaité "défendre et accompagner les entreprises et les entrepreneurs" et "redonner de la visibilité au Medef 31", Philippe Robardey a été élu début 2015 président du Medef Midi-Pyrénées pour un mandat de trois ans."On apprend beaucoup les uns des autres, c'est très enrichissant. Et il est important de jouer collectif pour défendre les chefs d'entreprise", explique-t-il. À la tête du Medef Midi-Pyrénées, Philippe Robardey a dû gérer la fusion des régions. Coprésident du Medef Occitanie depuis le 1er novembre avec Laurent Boissonnade, son homologue de l'ex-Languedoc-Roussillon, il va gérer la période de transition et d'intégration des deux structures jusqu'en octobre 2017. D'ici là, il aura certainement pris la présidence de la CCI de Toulouse. Numéro 2 sur la liste d'Alain Di Crescenzo, réélu président de la chambre consulaire, mais désormais président de la CCI Occitanie, il devrait lui succéder au niveau départemental.

Corinne d'Agrain, présidente du directoire d'Irdi Gestion

corinne d'agrain

©photo Rémi Benoit

Cette Toulousaine née dans une famille de juristes s'oriente d'abord vers un DESS en droit des affaires, avant de rejoindre l'Essec dont elle sort diplômée en 1992. Elle intègre Pricewaterhouse-Coopers, passe par le barreau de Paris et rejoint le cabinet Poitrinal, spécialisé en fusions-acquisitions et capital-investissement. En 2000, Corinne d'Agrain devient secrétaire générale de Galileo Partners. "J'ai beaucoup appris lors de l'échec de l'accompagnement de startups pendant la bulle internet chez Galileo Partners. C'est le métier du Capital Risque, avec un grand C et un grand R." Désireuse de retrouver ses racines, elle rejoint Toulouse et ACE Management en 2006. Cette société de capital-investissement a accompagné de nombreuses entreprises du Grand Sud-Ouest, ces dernières années. En juillet 2015, Corinne d'Agrain est nommée présidente du directoire d'Irdi Gestion. Société de gestion du fonds régional agréée AMF, elle accompagne les entreprises innovantes des secteurs de l'aéronautique, de l'agroalimentaire et de la santé.

Nadia Pellefigue, vice-présidente du Conseil régional d'Occitanie

Nadia Pellefigue

©photo Rémi Benoit

C'est elle qui coordonne la politique économique au niveau régional. À 38 ans, Nadia Pellefigue occupe en effet la 5e vice-présidence du conseil régional d'Occitanie en charge du Développement économique, de la recherche, de l'innovation et de l'enseignement supérieur. À ce titre, elle travaille à la définition et au déploiement d'une nouvelle politique économique à l'échelle de la grande région au travers du Schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII) et de celui sur l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation (SRESRI) qui doivent être adoptés en 2017. Pour établir le SRDEII, Nadia Pellefigue et la Région ont décidé de s'appuyer sur les acteurs économiques du territoire par le biais des Rencontres territoriales de la stratégie régionale pour l'emploi et la croissance, dans une volonté de "coconstruction". "Il est indispensable que ceux qui produisent la richesse du territoire soit associés, pour que la stratégie de la région soit la bonne", précise cette jeune femme dynamique, à l'aise au milieu des chefs d'entreprise. Selon elle, c'est par l'innovation que les entreprises seront compétitives demain, ce qui implique "la nécessité de faire dialoguer l'industrie et la recherche". Pour soutenir la politique de la région Occitanie, nouvelle cheffe de file au niveau économique, Nadia Pellefigue a également signé une convention avec la Banque de France afin de s'appuyer sur ses compétences et ses outils d'analyse.

"Servir l'intérêt général"

Pragmatique et très au fait des dossiers, cette élue de conviction, qui s'est engagée très tôt en politique et dans le militantisme, croit en l'importance de la puissance publique dans le soutien aux entreprises. "Les instruments de la puissance publique doivent créer les conditions d'un développement économique. 86 % des entreprises accompagnées réussissent leur croissance et leur développement, rappelle-t-elle. C'est là que l'on voit la plus-value de l'action régionale." Nadia Pellefigue porte avec vigueur la parole des  entrepreneurs et soutient l'ancien ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, dans le cadre des primaires. Titulaire d'un DEA de Science Politique de l'IEP de Toulouse, elle revendique ses origines sociales et son enfance dans le quartier du Mirail. Un parcours qui a sans doute façonné son caractère de battante et son attention aux inégalités. "Le SRDEII et les autres schémas ne tendent que vers un objectif de stratégie pour l'emploi, à travers l'innovation, le développement international, l'enseignement, la recherche, ou encore le soutien aux filières qui recensent des besoins de recrutement. Nous portons une attention spécifique à l'insertion professionnelle, qui est une responsabilité majeure vis-à-vis de la jeunesse. II s'agit donc de répondre aux besoins des entreprises et de servir l'intérêt général."

Laurent de Calbiac, directeur régional de BPI France

©photo Rémi Benoit

Laurent de Calbiac a plus de vingt ans d'expérience dans le financement des entreprises. Né à Marmande, il a passé ses années lycée à Paris avant d'intégrer l'ESC Toulouse (aujourd'hui Toulouse Business School), dont il sort diplômé en 1991 option "banque et finance". "Dès le départ, c'est vers le financement des PME que j'ai souhaité aller parce que je savais que je côtoierais de très nombreuses sociétés sur la durée, dans tous secteurs d'activité." Laurent de Calbiac commence sa carrière en 1993 comme chargé d'affaires au sein de BNP Paribas Lease Group. En 1995, il intègre Bpifrance, alors CEPME (Crédit d'équipement des PME). Sous les différents noms de la banque publique (BDPME, puis Oseo), il occupe plusieurs fonctions avant de devenir directeur régional en 2010. "En tant que directeur régional, je rencontre des dirigeants d'entreprise toutes les semaines, souvent avec mes chargés d'affaires, et je décide des dossiers de financement tous les jours, assure-t-il. J'anime une équipe de 35 personnes, nos circuits de décisions sont très courts, BPI France est à l'opposé d'une technostructure !"
À 48 ans, ce passionné de montagne et de rugby porte toujours un intérêt majeur au financement des entreprises. "C'est participer à l'économie réelle et c'est d'une richesse infinie par la multiplicité des contacts. La proximité et la relation de confiance que nous avons avec les dirigeants et leurs équipes nous permet de participer à de nombreuses 'belles histoires'. Le faire au sein de la banque publique apporte un plus, la fierté de contribuer à l'intérêt collectif : la croissance économique par le développement et l'investissement des entreprises de nos territoires, et indirectement, à la création de nouveaux emplois."

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