Aéroport Toulouse-Blagnac, la direction veut rassurer les salariés

Le personnel de l'Aéroport Toulouse-Blagnac s'inquiète de la privatisation de la société d'exploitation. En manque d'information, le comité d'entreprise demande des éclaircissements sur les négociations en cours. "La réglementation impose une stricte confidentialité", répond Jean-Michel Vernhes, le président du directoire de la SATB (société aéroport Toulouse-Blagnac). S'exprimant publiquement pour la première fois sur le dossier, il s'emploie à rassurer les employés de l'aéroport.
Jean-Michel Vernhes, le président du directoire de la SATB (société aéroport Toulouse-Blagnac) © photo Rémi Benoit.

 "Société aéroportuaire à vendre ! Qu'en pensent les salariés ?" C'est la question posée par le comité d'entreprise d'Aéroport Toulouse-Blagnac et rendue publique dans un communiqué.

"Le cahier des charges ne prévoit aucune concertation avec les partenaires sociaux, affirme Patrick Fabriès, le secrétaire du comité d'entreprise. Mais nous estimons que nous devons être informés des projets industriels et sociaux de chacune des offres et être consultés dans le cadre des missions d'information et de consultation définies par le droit du travail."

Le comité d'entreprise a donc écrit aux ministères concernés, à l'Agence des Participations de l'État (État actionnaire) et aux collectivités locales actionnaires "pour pouvoir exprimer ses inquiétudes et demander des précisions sur les objectifs de l'opération, notamment sur les attendus en termes de développement de l'emploi, d'amélioration de la performance économique et de maîtrise des charges".

Des demandes restées sans réponse. "L'APE a répondu que l'opération est totalement transparente et qu'il appartient à la direction de l'aéroport d'animer le dialogue social, explique Patrick Fabriès, mais cela ne nous avance en rien puisque celle‐ci est contrainte par de fortes exigences de confidentialité."

Inquiétude des salariés

D'après la procédure, le comité d'entreprise sera consulté lorsque l'une des candidatures aura été choisie. "S'agissant d'une opération pilotée par un gouvernement de "gauche", on pouvait s'attendre à plus de transparence et de volonté de dialogue, déplore le comité d'entreprise. Airbus, au titre de ses intérêts domaniaux, a obtenu les rendez-vous qu'il demandait : 2 poids, 2 mesures !"

Derrière cette soif d'information, sourd une inquiétude grandissante chez les salariés. "Les gens sont vigilants car la privatisation suscite des interrogations, relève Patrick Fabriès. La procédure a été lancée en période de vacances. Le calendrier extrêmement serré doit conduire à une décision en novembre. L'affichage de transparence est contredit par des exigences de confidentialité et un dialogue social inexistant sur le sujet." Et le secrétaire du comité d'entreprise de conclure : "Quand on sait que l'Aéroport Toulouse‐Blagnac est le premier d'une série où les suivants sont Lyon, Nice, Bordeaux, etc. et que tout le monde s'accorde à dire qu'il faut que ce soit une réussite, nous pensons que c'est mal engagé."

"Je suis au même niveau d'information que le CE"

S'exprimant publiquement pour la première fois sur le sujet, Jean-Michel Vernhes, le président du directoire de la SATB affirme que "les représentants des salariés ont été tenus au courant de la démarche de l'État au fur et à mesure".

"Nous avons eu un conseil de surveillance le vendredi 19 septembre, rappelle-t-il. Ils ont eu accès au cahier des charges de l'appel d'offres et savaient depuis longtemps que l'État céderait ses parts."

Si les informations ne circulent pas, c'est parce que l'appel d'offres est "très formel et très formalisé". "La réglementation impose une stricte confidentialité, confirme également le directeur de l'aéroport. À l'issue de la procédure, l'Autorité de la concurrence et l'Europe vérifieront si tout s'est bien passé. Et, les représentants du CE seront consultés au moment où l'État aura sélectionné un candidat."

"Il est clair que les salariés ne pourront pas s'exprimer avant sur chaque candidature, la procédure ne le permet pas", reconnaît le président du directoire, qui ajoute : "La vérité, c'est qu'aujourd'hui, personne, même pas moi-même, ne connaît la liste officielle des candidats. Nous sommes au courant car ils se dévoilent dans la presse, c'est tout. Personne n'a connaissance des offres faites par les candidats (les candidats ont jusqu'au 31 octobre pour déposer leur offre formelle NDLR). Je suis au même niveau d'information que les représentants du CE."

Jean-Michel Vernhes s'emploie cependant à rassurer les 310 salariés de la société :

"C'est normal qu'ils soient inquiets sur l'aspect social, mais nous ne sommes pas dans la situation d'une reprise d'entreprise avec le licenciement de la moitié des salariés. Le but est de développer l'aéroport, pas de se débarrasser du personnel. L'emploi n'est pas au cœur des discussions."

"L'arrivée d'un nouvel actionnaire majoritaire va forcement changer les choses, mais il faut que ça change dans le cadre du développement territorial, en cohérence avec l'écosystème local", annonce Jean-Michel Vernhes, par ailleurs président de l'Union des Aéroports Français (UAF). Le futur partenaire devra selon lui "poursuivre le développement de l'aéroport en respectant ce qui a été fait jusqu'à maintenant et en apportant de nouvelles perspectives". Et d'ajouter : "Beaucoup de candidatures semblent correspondre à ces critères."

Le président du directoire rappelle enfin que l'État étant concessionnaire de l'aéroport jusqu'à 2046, "le foncier lui appartient, rien ne peut se construire sans son accord". "Tout montre que les intérêts de l'État et les nôtres convergent, conclut-il. L'État veut aussi montrer que "ça se passe bien à Toulouse" pour pouvoir répéter la procédure avec d'autres aéroports."

Un calendrier en deux phases

Depuis 2007, la Société Aéroport Toulouse‐Blagnac, gestionnaire de l'aéroport, est constituée de capitaux publics : État (60 %), CCIT (25 %), Région (5 %), Département (5 %), et Communauté d'agglomération (5 %). Comme nous l'écrivions ces jours derniers entre 6 et 10 candidatures ont été retenues suite à une première sélection des services de l'État qui souhaite céder ses parts.

L'opération se déroulera en deux temps : 49,99 % des parts sera cédé fin 2014, et 10,01 % après une période de 3 ans. Une manière pour l'État de se ménager "la possibilité d'un retour en arrière", selon Jean-Michel Vernhes.

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