L'ambassadeur du Japon en France prospecte Toulouse pour les industriels japonais. Interview

C'est une première pour Toulouse. L'ambassadeur du Japon en France, Yoichi Suzuki, a visité la Ville rose mercredi (15 octobre) à l'occasion d'une mission diplomatique vers Andorre. L'occasion pour lui de rencontrer les acteurs économiques de la région et d'identifier les opportunités pour les entreprises japonaises. Entretien.
Yoichi Suzuki, 64 ans, est l'ambassadeur du Japon depuis un an en France. © photo Rémi Benoit

Les touristes japonais ont été plus nombreux cette année à visiter Toulouse. Que pensent-ils de Midi-Pyrénées et de la Ville rose ?

Les Japonais apprécient les sites reconnus par le patrimoine mondial de l'Unesco. Dans la région, ils visitent Albi, Carcassonne et le Canal du Midi. Ils sont également très friands de gastronomie, surtout celle des restaurants étoilés du guide Michelin.

Au-delà, et malgré le fait qu'elle est un centre économique et académique important, Toulouse n'est pas très connue au Japon. En termes d'investissement, l'Île-de-France concentre 60 % des investissements japonais. Ensuite viennent la région lyonnaise et le Nord-Pas-de-Calais. De ce point de vue là, le Sud-Ouest est en retard, excepté peut-être Montpellier, et les régions viticoles.

Pour quelle raison êtes-vous à Toulouse ?

Je cherche des pistes pour mes compatriotes industriels pour augmenter les échanges entre la région toulousaine et le Japon. J'en ai parlé avec M. Moudenc pour connaître son opinion. Il m'a parlé de son intention de faire de Toulouse un centre de la recherche oncologique et de la ville intelligente. Ce sont des secteurs qui nous intéressent. Nous avons identifié trois secteurs prioritaires pour travailler avec la France : le textile technique, la ville intelligente et la robotique, notamment dans la silver économie. Le ministre de l'Économie Emmanuel Macron va d'ailleurs visiter le Japon dans un mois sur ce sujet.

Au contraire de Toulouse, Airbus est bien connu au Japon. Qu'avez-vous pensé des installations que vous avez visité mercredi?

Ce sont des installations d'excellente qualité. Au Japon, seul Mitsubishi est capable d'assembler un avion entier. En 2018, elle vise d'ailleurs le lancement d'un avion dans la classe des 100 sièges. Nos industries fournissent Airbus et Boeing pour leur fournir des équipements. Lors de ma visite des chaînes de montage avec Stéphane Ginoux, le président d'Airbus Japon, on m'a dit que de nombreuses délégations japonaises étaient venues récemment. Le vice-président de la compagnie ANA par exemple, qui a déjà commandé trente A320neo, en plus d'une commande équivalente d'A350 pour la compagnie JAL. Après des années d'efforts, Airbus perce enfin au Japon. Il ne fait pas encore jeu égal avec Boeing, mais avec la popularité de l'A320, cela va se faire. Les 4 compagnies low-cost japonaises ne volent qu'en Airbus.

Sur le plan aérospatial, le Japon possède l'un des lanceurs les plus avancés au monde. Y-a-t-il des coopérations avec le Cnes ?

L'agence spatiale japonaise JAXA est plutôt en concurrence avec le Cnes. Nous essayons de trouver des pistes de partenariats mais tout reste à faire. Le Japon coopère plutôt avec la Nasa. Si quelque chose se fait avec le Cnes, cela sera une première. Jean-Yves Le Gall, le président du Cnes, va visiter le Japon d'ici à la fin de l'année. Il vient d'ailleurs d'être nommé président du groupe de coopération industriel franco-japonais du Medef.

L'économie est un de vos domaines de prédilection. Quel regard portez-vous sur le tissu économique français ?

Je trouve qu'il est mené par les grands groupes d'État. Les activités industrielles importantes sont toutes dirigées par le gouvernement. Au Japon, le gouvernement est également interventionniste en matière d'industrie, mais nous pensons que l'État français joue un rôle plus fort. À côté de cela, la France a une faiblesse sur les PME, à la différence du Japon où des PME peu connues détiennent parfois 60 % des parts du marché mondial dans leur niche.

Pourtant, vous avez, dans la recherche et l'agroalimentaire, de bonnes sociétés et de bons produits. Mais, les entreprises françaises ne sont pas au courant de leur potentiel à l'extérieur. Au Japon, nous avons des sociétés appelées "maisons de commerce" qui se spécialisent dans l'exportation de produits développés par d'autres entreprises. Cela n'existe pas en France.

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