Le financement participatif s'immisce dans le secteur immobilier et séduit les cadres urbains

On connaissait le crowdfunding pour financer un tour du monde, un album de musique ou entrer au capital d'une start-up. C'est nouveau, la formule permet aussi d'investir dans la pierre et séduit les particuliers.
Le projet de résidence Danaé à Beauzelle par Kalelithos

Ce printemps, Kalelithos, promoteur indépendant, annonçait une levée de fonds d'1,8 M€ par le biais de la plateforme Anaxago (5 M€ levés) pour le lancement de trois programmes à Toulouse et Montpellier. L'année dernière, le promoteur toulousain Lymo lançait la plateforme lymo.fr pour financer ses propres programmes. En quelques mois, la lame de fonds a atteint le très sérieux secteur de la promotion immobilière. De l'avis de certains spécialistes, ce ne serait que le début. C'est le cas de Thierry Merquiol, fondateur de la plateforme Wiseed (3,6 M€ levés). "Le crowdfunding immobilier assure entre 8 et 10 % de rendement avec une sortie rapide au bout de 12 à 24 mois et des risques mesurés. Autant dire que c'est très séduisant", décrit-il. D'ailleurs, Wiseed, dont l'ADN reste bien le financement de start-up en inquity (capital), est actionnaire chez Lymo.fr et croit fort au crowdfunding immobilier. "Nous avons levé 600 000 € l'année dernière pour trois opérations immobilières. Cette part montera rapidement, car nous devrions financer une dizaine d'opérations cette année", indique Thierry Merquiol.

Jeunes cadres et professions libérales premiers convaincus
L'une des vertus du crowdfunding immobilier est de rendre l'investissement dans la pierre accessible au plus grand nombre, avec un ticket d'entrée à 1 000 € contre plusieurs dizaines de milliers d'euros dans la majorité des Sociétés civiles de placement immobilier (SCPI).
Les cadres urbains trentenaires l'ont bien compris. Ils sont les plus représentés parmi ces investisseurs 2.0 avec des "mises tests" de 1 000 à 3 000 €. "Au départ nous avions surtout des férus d'informatique à la recherche de placements différenciants et intéressants, mais aujourd'hui la cible s'est élargie", constate Jean-Baptiste Vayleux, le cofondateur de Lymo.fr.
Séduits aussi, les 50-70 ans professions libérales, cadres dirigeants, créateurs d'entreprises, experts comptables... À la recherche d'un peu de rendement, ils misent eux en moyenne entre 5000 et 15 000 €.
Ce qui les rassure ? Le côté concret de ces investissements et la possibilité de rencontrer les promoteurs. Ainsi Bertrand De Gouttes, co-fondateur de Kalelithos s'est retrouvé en première ligne face à des investisseurs potentiels pour "vendre ses projets", un exercice inédit pour ce promoteur ! "On était dans l'esprit start-up : 5 minutes montre en main pour donner envie aux gens d'investir dans nos programmes, et présenter notre entreprise".

Respecter les règles d'un bon placement
Si le Crowdfunding immobilier est moins risqué que la prise de capital dans des start-up (en moyenne 3 entreprises sur 10 ne sont jamais rentables et 2 seulement vont sur-performer) ; le risque zéro n'existe pas.
"Le risque, c'est que les lots ne se vendent pas, et que donc la construction ne se concrétise pas", résume Joachim Dupont, le co-fondateur d'Anaxago. Il prévient, "la règle : c'est la prudence et une sélectivité importante des promoteurs en amont. Sur la vingtaine de candidatures que nous étudions en ce moment, à peine 6 seront accompagnées dans les prochains mois".
Même tempo du côté de Wiseed. "S'il peut être extrêmement facile et rapide de lever des fonds, il faut surtout regarder le nombre de sorties positives qu'affiche une plateforme, c'est-à-dire les projets rentables pour lesquels les investisseurs ont effectivement récupéré leur mise", rappelle Thierry Merquiol.
En outre, les plateformes sérieuses sont dotées d'équipes spécialisées dotées d'une bonne connaissance des marchés immobiliers, elles exigent des taux de pré commercialisation avérés (jusqu'à 50 %) et des garanties d'assurances. Lymo.fr de son côté conseille pour réduire les risques de n'investir que dans des petits programmes, très bien situés. Une règle que le promoteur s'applique en premier chef puisqu'il est spécialisé dans la niche des programmes de moins de 10 logements dans la première couronne toulousaine.
Enfin, le projet de loi en cours pour règlementer le secteur, obligera dès le 1er juillet prochain, les plateformes de financements à être agréées conseil en investissement participatif. "À terme, seules les plateformes les plus sérieuses juridiquement tiendront le coup", prévient le président de Wiseed.

Béatrice Girard
©photo Kalelithos

En savoir plus :
Le crowdfunding, une aubaine pour les promoteurs indépendants :

"Les banques nous demandent désormais 10 % de fonds propres pour chaque projet. Sans la levée de fonds, nous n'y serions pas arrivés", décrit Bertrand de Gouttes chez Kalelithos. Voilà qui résume la situation. Car, si la plupart des promoteurs nationaux, adossés à des banques, n'ont pas ce genre de souci. La crise a fragilisé les indépendants qui réalisent entre 50 et 150 logements pas an. Kalelithos, en réalisant la plus importante levée de fonds du secteur (1,8 M€ en deux mois) a donné des idées à ses concurrents pour tester ce mode de financement alternatif. "Nous avons été sollicités depuis par une vingtaine de promoteurs de toute la France et une discussion est même engagée avec la FPI France", confie Joachim Dupont chez Anaxago.

Le chiffre : 8 à 10 %
C'est le niveau de rendement possible pour les investisseurs par le biais du Crowdfunding immobilier.

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