Le directeur du Journal Toulousain en détention provisoire, les salariés veulent préserver leurs emplois

Marcial Layani, le directeur du Journal Toulousain, a été placé en détention provisoire jusqu'à mercredi, soupçonné d'escroquerie financière. Les 15 salariés du journal local ont appris la nouvelle par la presse ce week-end. Sous le choc "et dans le flou le plus total", ils souhaitent rester en dehors de la démarche pénale, et préserver leurs emplois.
À gauche, Thomas Simonian, et à droite l'avocat des salariés maître Benarrous

Marcial Layani, le directeur du Journal Toulousain, a été placé en détention provisoire jusqu'à mercredi, soupçonné d'escroquerie financière. Les 15 salariés du journal local ont appris la nouvelle par la presse ce week-end. Sous le choc "et dans le flou le plus total", ils souhaitent rester en dehors de la démarche pénale, et préserver leurs emplois.

L'inquiétude règne chez les 15 salariés du Journal Toulousain, plongés, selon le coordinateur de la rédaction Thomas Simonian, "dans le plus grand désarroi" depuis trois jours. Dans l'urgence, le personnel du journal (dont 10 journalistes) a tenu aujourd'hui une conférence de presse pour annoncer la création d'un comité de soutien, mais surtout se désolidariser de Marcial Layani, leur directeur et actionnaire, placé en détention provisoire samedi pour "escroquerie en bande organisée et association de malfaiteurs". Marcial Layani est en outre soupçonné de "blanchiment". L'avocat des salariés du journal toulousain, maître Benarrous, a indiqué que la priorité est "le paiement des salaires de janvier, et la sortie du prochain numéro".

Le "Journal Toulousain" en danger
Lundi dernier, les salariés du Journal Toulousain ont vu la police judiciaire investir leurs locaux rue d'Austerlitz, à Toulouse, "sans aucune explication". Cinq jours après (samedi 25 janvier) ils sont appris que leur PDG, l'homme d'affaires Marcial Layani, avait été arrêté et placé en détention provisoire à Bordeaux pour escroquerie. Un choc pour ces salariés, dont la principale inquiétude est désormais de savoir s'ils seront payés à la fin du mois, et si le prochain journal pourra paraître mercredi. "Nous continuons à travailler, le journal sera prêt, affirme le coordinateur de la rédaction Thomas Simonian. Mais on ne peut pas garantir qu'il sera imprimé." L'avocat des salariés, maître Gérald Benarrous, insiste sur un fait : "les salariés veulent rester en dehors de la démarche pénale qui concerne Monsieur Layani".

La seule démarche engagée se fait donc auprès du Tribunal de commerce de Toulouse. "Le Journal Toulousain bénéficiait d'un plan de continuation depuis deux ans, révèle l'avocat. Nous allons donc en référer au commissaire à l'exécution du plan, maître Fourquié. Si Marcial Layani est empêché de reprendre normalement la gérance de la société, maître Fourquié décidera de la nomination d'un responsable de gestion." Une procédure qui peut prendre, au mieux, une semaine. "Si les problèmes de monsieur Layani persistent, la meilleure solution serait de trouver un repreneur", souffle maître Benarrous.

L'arnaque à la crevette brésilienne
L'affaire pénale ne fait que commencer. Interpellé lundi dernier, Marcial Layani (par ailleurs membre de la CCI de Toulouse) a été mis en examen avec son associé Jean-Marc Brus. Ce dernier n'a pas été mis en détention provisoire, mais placé sous contrôle judiciaire. Les deux hommes sont soupçonnés d'avoir monté un système d'escroquerie dit "pyramidale" : dès 2009, ils ont incité des victimes à investir dans des bassins d'élevage de crevettes au Brésil, via une société au Maroc. Les premiers investisseurs ont été rémunérés, et ont à leur tour incité des amis à investir dans cette affaire. En réalité, selon l'avocate de Jean-Marc Brus, maître Emmanuelle Franck, "les fonds étaient investis sur les comptes privés de Layani et n'ont jamais vu le Brésil".

Mais le système fonctionne bien, et les premières plaintes sont tardives. Au final, 120 personnes se seraient laissées avoir par cette arnaque, pour un préjudice total de 16 M€. "Jean-Marc Brus ne savait rien, il servait d'apporteur d'affaires, il croyait que la société brésilienne existait vraiment. Il se sent trahi par Marcial Layani, qui est son ami d'enfance", explique l'avocate. Pour maître Éric Mouton, l'avocat de Marcial Layani, "le dossier est complexe, mais nous sommes en train de rassembler les preuves que l'argent investi n'a pas été détourné". Selon lui, le principal suspect, actuellement en détention provisoire à Bordeaux "est très affecté, mais garde l'espoir que la lumière soit faite". Mercredi, Marcial Layani saura s'il doit rester en détention provisoire ou pas. C'est aussi mercredi que doit sortir le nouveau numéro du Journal Toulousain.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

En savoir plus :

La Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse n'a pour l'instant pas souhaité communiquer sur le sujet. Selon maître Franck, "certaines réunions avec les investisseurs-victimes ont eu lieu dans les locaux de la CCI, et les actes de souscription ont été tamponnés par la CCI."

Selon le cabinet Mazars, un plan de continuation, s'il est accepté et arrêté par le Tribunal de commerce, permet à la société de sortir de la procédure de redressement judiciaire. Il inclut généralement l'injection de new money, la remise de dettes et d'autres restructurations.

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