"Les dirigeants de TPE et de PME ont souvent le nez dans le guidon, constate Thierry Dumas, premier vice-président de la CCI de Toulouse. Il est donc très important de les sensibiliser aux risques croissants liés à leurs activités". Risque d'image, risque pénal, risque environnemental, cyber-risque : autant de sujets qui ont justement été au cœur des débats ce matin, à l'occasion de la conférence "Paroles d'experts", organisée par La Tribune en partenariat avec Axa. Pour Pierre-Yves Laffargue, membre du comité de direction générale Axa Entreprises, "il existe dans le comportement d'achat d'assurances des chefs d'entreprises un certain décalage entre la perception des risques encourus et la réalité des risques".

"Les chefs d'entreprises ne sont pas surhumains"
Un décalage qui touche notamment la responsabilité personnelle du dirigeant. "Seul un chef d'entreprise sur quatre est protégé pour sa responsabilité propre, regrette Pierre-Yves Laffargue. C'est très peu. On l'ignore parfois, mais les dirigeants encourent une responsabilité en tant que personnes physiques. Ils doivent répondre de leurs fautes de gestion sur leur patrimoine personnel". Un fait que les chefs d'entreprises ont semble-t-il parfois un peu de mal à accepter. "C'est assez difficile, en effet, car nous touchons à la défaillance du chef d'entreprise, au fait qu'il a fauté quelque part", souligne Étienne Vinceneux, agent général Axa à Toulouse. Et pourtant, comme le rappelle Pierre-Yves Laffargue, "les dirigeants ne sont pas surhumains, ils peuvent aussi faire des erreurs".

Des PME ciblées par les cyber-attaques
Deuxième risque souvent sous-estimé : celui de la responsabilité environnementale. "On pense souvent aux activités dites "dangereuses", mais le phénomène va bien au-delà, assure Pierre-Yves Laffargue. Le périmètre des entreprises concernées est très large". Étienne Vinceneux confirme : "J'ai en tête le cas d'une laiterie dont les eaux de lavage, chargées en produits chimiques, avaient pollué la rivière voisine. La responsabilité du chef d'entreprise a été recherchée, ce qui a eu pour conséquence de faire ressortir d'anciennes condamnations avec sursis liées à des infractions routières. Et le dirigeant a perdu son permis de conduire..."

Les cyber-attaques font également partie des risques en plein développement. "Certains cas sont très médiatisés, mais n'importe quelle société peut être victime de telles intrusions, assure Pierre-Yves Laffargue. Car toutes les PME ont des équipements informatiques, la plupart du temps connectés. 60 % d'entre elles utilisent le Cloud pour stocker leurs données et 70 % disposent de leur propre site web. Or, les attaques ont tendance à migrer de plus en plus vers les PME, qui sont utilisées comme portes d'entrée pour attaquer ensuite les grandes entreprises".

Se protéger en temps de crise
Dernier risque que les chefs d'entreprise ont tendance à ne pas prévoir : la crise majeure. "Lorsqu'un incident grave et imprévu se produit, la communication est absolument fondamentale, explique Pierre-Yves Laffargue. Or, les dirigeants ne sont jamais suffisamment préparés et cela a parfois des conséquences désastreuses. Nos solutions d'assurance intègrent par conséquent notamment le conseil d'une agence de communication". Autant de services qui ont un coût, parfois difficile à assumer en période de crise. "Pourtant, c'est quand les temps sont durs, justement, que l'on a besoin de se protéger, estime Pierre-Yves Laffargue. Car le moindre problème qui survient peut être fatal pour l'entreprise".

Alexandre Léoty
© Photo Fred Lancelot